Le président palestinien Mahmoud Abbas est de ceux qui ne se découragent pas. Pour beaucoup moins, d'autres auraient baissé les bras et rendu leur mandat à leurs électeurs. Et dans le cas des Palestiniens, cela signifie la fin de toute négociation avec les Israéliens lesquels refusent de reconnaître les droits nationaux des Palestiniens. Ou encore avec le mouvement palestinien Hamas, vainqueur des élections législatives de janvier dernier, mais qui clame son indépendance par rapport à certains engagements avec Israël souscrits par l'OLP dont le mouvement islamiste n'est pas membre. Mahmoud Abbas, qui s'apprêtait si ce n'est déjà fait, à faire la conclusion d'un accord avec le Hamas sur des points aussi sensibles que la reconnaissance d'Israël, entend faire preuve de perspicacité et maintenir le forcing en vue de parvenir à un gouvernement d'union nationale. Afin de surmonter les contradictions de ce cette semaine, il s'apprête à rencontrer la semaine prochaine le Premier ministre issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, pour relancer les négociations en ce sens, a déclaré hier le principal négociateur palestinien, Saeb Erakat. « M. Abbas se rendra à Ghaza pour rencontrer M. Haniyeh demain (lundi) ou après-demain (mardi) afin de poursuivre les discussions sur le gouvernement d'union nationale », a dit M. Erakat. Il s'entretiendra aussi avec des dirigeants d'autres factions, a-t-il ajouté. Le conseiller politique de M. Haniyeh, Ahmed Youssef, a confirmé que les deux dirigeants se réuniraient cette semaine. Le président palestinien avait affirmé samedi au Caire qu'il allait reprendre « à zéro » les négociations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale avec le mouvement islamiste Hamas. Il s'était, par ailleurs, déclaré favorable à des négociations avec Israël, « loin des médias ». « Nous avions conclu un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale basé sur plusieurs points, dont notamment le respect de tous les accords conclus par l'OLP et (le respect) de l'initiative de paix arabe, mais il y a des rétractations » de la part du Hamas, avait-t-il affirmé. « Nous sommes revenus malheureusement à zéro et nous allons négocier à nouveau » avec le Hamas, avait-t-il ajouté. Interrogé sur ses moyens de pression sur le Hamas pour l'amener à assouplir sa position, il a répondu : « Nous n'avons pas besoin de faire pression sur le Hamas (pour qu'il assouplisse sa position), la situation du peuple palestinien est claire, nous avons des grèves de fonctionnaires depuis quatre semaines, il y a un blocus (israélien) des territoires palestiniens et toute personne responsable doit prendre cela en considération », a-t-il dit. Le Quartette pour le Proche-Orient (les Etats-Unis, l'ONU, l'Union européenne, la Russie) a posé trois conditions pour la reprise des aides directes à l'Autorité palestinienne, suspendues après l'entrée en fonction du Hamas fin mars : reconnaissance d'Israël ainsi que des accords conclus avec ce pays et renonciation à la violence. Les Etats-Unis ont répété vendredi leur exigence que ces conditions soient remplies. « La seule voie possible (pour une reprise du versement des aides qui ont été suspendues) est d'avoir un gouvernement palestinien (...) qui adopte les conditions posées en janvier par le Quartette », a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat, Tom Casey. Le Hamas a défié vendredi le président palestinien en persistant dans son refus de toute reconnaissance d'Israël, mais a proposé une « trêve de 10 ans » à l'Etat hébreu qui l'a immédiatement rejetée. M. Abbas avait affirmé jeudi à New York que tout nouveau gouvernement palestinien respecterait « les engagements pris dans les accords par l'OLP et l'Autorité palestinienne, notamment les lettres de reconnaissance mutuelle (entre Israël et l'OLP) datées du 9 septembre 1993 ». Mahmoud Abbas connu par ailleurs pour avoir été le principal négociateur palestinien dans le processus ayant conduit aux accords d'Oslo de 1993, entend faire preuve de perspicacité. C'est d'ailleurs l'élément fondamental de son programme de gouvernement, approuvé en février 2005 par les électeurs palestiniens.