" Cinq escales pour une étoile ", c'est l'intitulé symbolique (étoile faisant référence à Nedjma et à la brillante étoile de Kateb Yacine) de la tournée de Amazigh Kateb qui s'est bouclée ce jeudi, après cinq jours de spectacles animés dans cinq villes de l'Est comme Guelma, Sétif tout aussi symboliques. Le fils a donc rendu hommage au père pour le 20ème anniversaire de son décès. Ce rendez-vous lyrique organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), en partenariat avec "Neef Prod" et "ACM Event", était pour lui une triple occasion de rencontrer le public d'Alger, Sétif, Constantine, Souk Ahras et Annaba , de promouvoir son nouvel opus " Marchez Noir " sorti en octobre dernier et de rendre un hommage posthume à son père .Le fils a profité de son passage en Algérie qu'il considère comme un baromètre de son travail à l'issue de son périple, a animé une conférence de presse informelle au Saint Georges. "Redonner vie aux textes de mon père c'est cela le plus important, donc ça a été positif." a clamé le fils, qui pour la première fois a " défloré " les textes de son père pour en faire des compositions contenues dans son nouvel album à travers deux chansons dont l'Africain. " Je songe à travailler sur un projet qui ne va pas être uniquement éditorial, il sera plutôt musical autour des textes de Kateb Yacine. Je chanterai ces textes et ça sera quelque chose comme Kateb qui chante Kateb. Ce n'est pas pour l'immédiat mais je le ferai peut-être dans un an et demi. Ce disque sera pour moi la première occasion de travailler sur les textes de mon père. Quand j'étais jeune, j'avais du mal à attaquer et à décortiquer ses textes, je portais le deuil et j'avais trop le père en tête, alors que là, j'arrive à faire la distinction entre le père et l'écrivain et il y aura des choses qui vont germer. La musique est pour moi une digestion. En voyageant, j'absorbe des choses plusieurs mois après, on ne peut pas aller plus vite que la musique car elle rentre et elle sort du corps. " a t-il encore précisé. Selon Amazigh Kateb le titre de son album " Marchez Noir " qui sonne un peu comme pessimiste, est choisi parce que " déjà, il y en a marre de marchez blanc. C'est la cause des peuples opprimés, sur les démarches contestataires qui ont existé. Les marches noires ne sont pas forcément des marches menées par des Noirs, par exemple en Argentine dans la place de Mai, la marche des mères des disparus, on l'appelait la marche noire. C'est la couleur de la protestation, c'est la couleur que je revendique parce que dans les discours planétaires y a quelque chose de très manichéen. Le blanc d'un côté, le noir de l'autre, ou bien vous êtes américain ou bien terroriste. C'est important de revendiquer la marche noire et de dire que si aujourd'hui, les peuples ne se reconnaissent pas dans leur propre Histoire officielle qu'on leur raconte, c'est parce que cette Histoire n'a pas été écrite noir sur blanc mais blanc sur noir. Je parle de l'impérialisme, de ceux qui ont fabriqué l'Histoire, c'est-à-dire les dirigeants qui évoquent toujours des périodes de vainqueurs et de vaincus. "Marchez noir" dans ma vision c'est quand un peuple avance, quand il marche noir, il laisse une trace derrière lui. L'essentiel c'est qu'il marche, y a pas de révolution sans éducation et sans transmission. L'avenir de toute révolution, c'est l'éducation. " soutient -il. Il faut dire que lors de son passage solo dans nos villes, Amazigh Kateb ex- Gnawa a ajouté un Dj à sa scène et réduit son équipe de 8à 5. Résolument anticonformiste Amazigh est comme son père : il n'aime ni les hommages ni les résignations. Marchez noir n'est en ce sens rien d'autre qu'une contestation. Son agenda, c'est un autre périple en Orient notamment en Palestine et en Syrie. Par Rebouh H.