La hausse des prix de détail plus faible qu'attendue le mois dernier souligne la faiblesse de l'économie française selon certains économistes, bien que la Banque de France ait revu en hausse sa prévision de croissance pour le premier trimestre. Les prix de détail ont augmenté de 0,2% le mois dernier en France ramenant l'inflation à 1% en rythme annuel, soit son plus bas niveau depuis novembre 1999, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées mercredi par l'Insee. L'indice IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, affiche, également, une progression de 0,2% le mois dernier, sa hausse s'établissant à 1,2% sur un an. Les économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une hausse de 0,4% de l'indice IPCH en février, correspondant à une inflation sur un an de 1,4%. "L'évolution des composantes volatiles de l'indice a été une nouvelle fois essentielle", explique Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas. "Du côté des produits alimentaires, le climat très doux de cet hiver, avec trois degrés Celsius de plus que la moyenne saisonnière en février, est favorable à une production soutenue qui pèse sur les prix : -0,4% en février 2007 contre +0,1% en moyenne sur les 10 dernières années, d'où un glissement annuel à +0,7% contre +1,6% en janvier", relève-t-il. "Du côté de l'énergie, la baisse enregistrée sur janvier a fini d'être répercutée dans les prix des produits pétroliers en février, les prix de l'énergie n'ont ainsi augmenté que de 0,2% en glissement mensuel (contre 0,4% en février 2006, d'où -0,9% en glissement annuel)" poursuit-il en prévoyant une poursuite de la baisse de l'inflation générale dans les mois à venir sous le seuil de 1%. "A 1% l'inflation est très basse, peut-être même trop basse", s'inquiète toutefois Nicolas Bouzou du bureau d'analyse indépendant Asterès. "Il est trop tôt pour parler de déflation mais la France s'approche d'une zone d'inflation qui peut s'avérer inconfortable", estime-t-il ajoutant que la faiblesse de la hausse des prix "traduit un certain manque de tension au sein de l'économie française". "Une inflation trop faible génère des problèmes de marges et d'investissement dans certains secteurs", prévient-il. La Banque de France a toutefois relevé à +0,8% sa prévision de croissance pour le premier trimestre de cette année (contre +0,7% en première estimation) au regard notamment d'une nouvelle amélioration du climat des affaires dans l'industrie. L'acquis de croissance pour 2007 à la fin du premier trimestre serait ainsi de 1,6% (contre 1,5% en première estimation), précise la BdF dans son enquête mensuelle du mois de mars publiée mercredi. Elle fait d'autre part état d'une nouvelle amélioration du climat des affaires à 110 en février après 107 en janvier et 104 en décembre. "Selon les chefs d'entreprise interrogés, l'activité industrielle a continué de progresser en février et les perspectives d'activité sont orientées à la hausse pour les prochains mois", note la BdF dans un communiqué. "La prévision de la Banque de France nous paraît assez élevée car nous attendons une croissance de 0,5% à 0,6% au premier trimestre", a déclaré Frédéric Prétet, économiste à la Société générale. "La forte dynamique de la consommation au début de l'année devrait protéger la croissance au premier trimestre", souligne-t-il. "Mais la déception est venue des chiffres de la production industrielle et nous espérions que le déstockage aurait des conséquences moins prononcées sur l'activité industrielle", poursuit-il ajoutant que ce phénomène "n'a pas encore permis un redémarrage de la production industrielle". Les stocks de produits finis sont toutefois très proches des niveaux désirés par les entreprises, selon l'enquête Banque de france.