L'inflation a de nouveau accéléré au mois de juin en France avec la hausse des prix du pétrole et des produits frais. Elle n'a pas encore atteint son pic selon des économistes qui la rendent en partie responsable du ralentissement de l'activité. Les prix de détail ont augmenté de 0,4% au mois de juin en France et leur hausse sur un an a atteint 3,6%, au plus haut depuis juillet 1991, selon les données définitives publiées mercredi par l'Institut national de la statistique. L'indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a également progressé de 0,4% en juin par rapport à mai, soit une hausse de 4,0% sur un an, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters. "La hausse de l'indice des prix à la consommation de juin provient du renchérissement des produits pétroliers (+5,4% sur le mois, +12,9% sur trois mois) et, dans une moindre mesure, de la hausse saisonnière des produits frais (+1,6% sur le mois, +11,0% sur trois mois) et des autres services, notamment ceux liés au tourisme", précise l'Insee dans un communiqué. "Le pic d'inflation n'est probablement pas atteint. On va aller un peu au-delà de 4% sur l'indice IPCH et s'en rapprocher sur l'indice national d'ici le mois de septembre", prévient Olivier Gasnier, économiste à la Société générale.Il souligne que cette persistance des pressions inflationnistes ne permet pas d'exclure un nouveau relèvement de ses taux directeurs par la Banque centrale européenne malgré la succession de très mauvais chiffres sur l'activité au sein de la zone euro au cours des dernières semaines. La BCE a relevé ses taux directeurs d'un quart de point le 3 juillet, portant son taux d'intervention à 4,25% pour éviter les effets de second tour qui consisteraient en une diffusion de la hausse des prix des matières premières dans l'ensemble de l'économie, en particulier dans les salaires. "La raison pour laquelle la BCE a relevé les taux d'intérêt il y a deux semaines et la raison pour laquelle elle pourrait les relever à nouveau est d'éviter que la hausse des prix des matières premières ne se transmette aux salaires et au reste l'économie", explique Dominic White, économiste chez ABN Amro.Les économistes s'inquiètent aussi des conséquences de l'inflation sur l'évolution de l'activité. "A 3,6%, l'inflation est de nature à modifier fondamentalement la trajectoire de l'économie française", prévient Nicolas Bouzou, économiste du bureau d'analyse indépendant Asterès. "La consommation va rester globalement en berne : avec une progression des salaires nominaux inférieure à 3%, la perte de pouvoir d'achat des salariés est nette", souligne-t-il. "L'inflation forte constitue de plus en plus une raison directe du ralentissement de l'activité parce qu'elle réduit le pouvoir d'achat des ménages et donc leur consommation et parce qu'elle pèse sur leur confiance et peut donc les inciter à épargner plus", renchérit Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel Leven. La ministre de l'Economie Christine Lagarde a d'ailleurs annoncé mercredi un relèvement à compter du 1er août de 3,5% à 4% du taux de rémunération du Livret A, détenu par près de 46 millions de Français pour un encours de l'ordre de 120 milliards d'euros. Cette décision est en partie motivée par l'accélération de l'inflation. Le taux de rémunération du Livret A, calculé deux fois par an, le 15 janvier et le 15 juillet, par la Banque de France, est en effet égal à la moyenne arithmétique entre l'inflation et la moyenne mensuelle des taux courts (Euribor 3 mois et Eonia), arrondie au quart de point le plus proche. Une dérogation à cette règle de calcul peut toutefois être invoquée pour "circonstances exceptionnelles" par la BdF.En janvier, la BdF avait ainsi recommandé au gouvernement de ne pas suivre cette règle de calcul qui aurait justifié une hausse du de 3% à 4% du taux du Livret A.La ministre de l'Economie a aussi pris acte mardi du ralentissement de l'activité en estimant que la croissance de l'économie française serait plus proche cette année du bas de la fourchette de 1,7% à 2% retenue par le gouvernement qui avait déjà revu ses prévisions en baisse en avril par rapport à la fourchette de 2,0% à 2,5% utilisée pour bâtir la loi de Finances 2008.