Le groupe saoudien Savola vient de finaliser un accord avec le gouvernement pour l'investissement de 140 millions d'euros, a-t-on appris de source bien informée. Cette enveloppe servira à la création d'une grande unité de raffinage de sucre dans la région d'Oran d'une capacité nominale d'un million de tonnes. La décision de Savola de s'implanter en Algérie, explique notre source, vient suite à l'échec d'une tentative de s'allier au groupe Ynna dans le secteur du sucre au Maroc. Les deux groupes étaient, jusqu'à une date récente, en négociation pour la construction d'une unité de raffinage du sucre à Tanger. L'investissement était estimé à 1 milliard de dirhams. Un revirement qui d'ailleurs n'a pas tardé à susciter de vifs commentaires dans le milieu industriel marocain. Autrement dit, Savola renonce au Maroc pour l'Algérie. On l'aura compris, le marché algérien en général, et celui du raffinage du sucre en particulier est considéré comme étant l'un des plus attractifs au Maghreb. Hormis, les raffineries publiques et celle du groupe privé Cevital, principal importateur de sucre roux en Algérie, le raffinage du sucre a été longtemps en panne d'initiatives. Depuis deux années, le marché du sucre en Algérie fait l'objet de "controverses" et de "divergences d'intérêts" entre les producteurs privés de boissons sucrées notamment et Cevital, en sa qualité de premier importateur de sucre. Les raisons de cet état de fait sont à chercher dans les fluctuations des prix sur le marché international. En effet, la hausse des prix du sucre reste soutenue par les prévisions selon lesquelles le Brésil va consacrer une part encore plus importante de canne à sucre à la production d'éthanol qui vient remplacer le carburant en raison de son prix exorbitant. Premier producteur mondial de sucre, le Brésil, consacre déjà plus de 50% de sa récolte de canne à la production de ce biocarburant, bien meilleur marché que l'essence ou le diesel. Autant dire que les prix du sucre resteront encore à la hausse, du moins dans un futur proche. Ajoutons à cela la spéculation que certains importateurs algériens nourrissent depuis la mise en place du système de contingents à la faveur de l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE en septembre 2005. Pour compliquer davantage la situation, des importateurs et des grossistes, peu scrupuleux, n'hésitent pas à bloquer une partie de la marchandise pour faire grimper les prix. C'est ce qui explique l'assèchement du marché national durant des mois et la rétention des stocks de sucre blanc par les importateurs pour susciter une hausse de prix en période de forte demande et faciliter l'écoulement des quantités de sucre acquises hors contingents. Le patron de Cévital, Issad Rebrab, l'un des producteurs de sucre en Algérie, assure qu'il n'y a pas de pénurie. Les industriels et les grossistes sont alimentés normalement. A souligner d'autre part que Cévital alimente le marché à raison de 2 500 à 2 600 tonnes/jour. La capacité de production de sa raffinerie de Béjaïa est aujourd'hui de l'ordre de 1 600 à 2 000 tonnes/jour auxquelles il faut y ajouter les 650 à 700 tonnes/jour produits par les raffineries de l'Enasucre. Autrement dit, la construction d'une nouvelle raffinerie à Oran permettra d'augmenter la capacité de raffinage et contribuera à remédier à l'instabilité du marché du sucre en Algérie. A noter par ailleurs que la consommation mensuelle du sucre en Algérie est évaluée à 80 000 tonnes. Dans une récente intervention médiatique, le directeur général de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), M. Chami, a estimé, pour sa part, qu'il ne pourrait y avoir de baisse des prix sans la conjugaison du triptyque de l'équilibre des prix du pétrole, la production de sucre et les spéculateurs.