La notion du développement durable est-elle pertinente dans les villes subsahariennes ? C'est de cette question qu'auront à débattre Emile Le Bris, géographe et directeur de recherche à l'IRD et Rachid Sidi Boumedine, sociologue et urbaniste, demain à partir de 17h au Centre culturel français d'Alger. Ayant envahi depuis des années tous les champs scientifiques, la thématique du " développement durable " concerne surtout les lieux à plus forte concentration d'hommes. Les villes on le sait, posent des problèmes spécifiques: consommation de ressources et d'énergie, production de déchets, pollution, vulnérabilité face aux phénomènes naturels, etc. On reconnaîtra d'emblée la difficulté à imaginer un développement qui soit à la fois "économiquement efficace, écologiquement soutenable, socialement équitable, démocratiquement fondé et culturellement diversifié". Loin de susciter l'uniformisation, la mondialisation tend à renforcer la diversité citadine, mais elle exacerbe, dans le même temps, la concurrence entre les villes et les désolidarise du reste du territoire national, au lieu de les faire jouer le rôle de moteur du développement. Rappelez-vous la récente conférence très équivoque de Copenhague consacrée au climat. Compliqués les enjeux et les aboutissements. Il faut savoir que les espèces nous donnent une vision renouvelée de l'arbre du monde vivant : depuis l'étude de l'évolution du monde vivant aux amusantes inventions de la nature, nous comprenons enfin les termes et les enjeux des débats qui secouent le monde scientifique à propos de l'apparition de la vie sur terre et de son évolution. Aujourd'hui, l'activité agricole ne peut plus être raisonnée sur le seul angle de l'optimisation de la production de denrées agricoles, même si cette fonction reste encore très prioritaire pour une grande partie du monde. Les atteintes à l'environnement liées à l'intensification de la production agricole, provoquent des pollutions inacceptables pour les sociétés humaines, détériorant les écosystèmes et provoquant une érosion dramatique de la biodiversité. Ces atteintes sont liées aux pratiques agricoles intensives, mais elles sont exacerbées par l'uniformisation et la simplification des modes d'occupation des sols à l'échelle des territoires. Il serait possible de maintenir un certain niveau d'intensification, et même dans certains endroits à l'augmenter, si on s'appliquait à maintenir une diversité de systèmes de culture engendrant des mosaïques paysagères capables de limiter la dégradation de l'environnement et de limiter l'érosion de la biodiversité voire la restaurer. L'association entre agriculture et élevage au sein d'un territoire permet de diversifier les assolements, de maintenir et restaurer la fertilité des sols, d'augmenter les capacités de séquestration du carbone dans les sols, d'entretenir les habitats et les réseaux trophiques nécessaires à la biodiversité, de diminuer l'utilisation des intrants chimiques générateurs de pollution…tout en permettant une production agricole globale importante et économiquement rentable, ayant de surcroît un impact important sur l'activité rurale. Gilles Lemaire est Directeur de recherche à l'INRA Lusignan, Docteur d'Etat ès Sciences naturelles à l'Université de Caen et diplômé de l'Ecole nationale supérieure d'horticulture de Versailles est déjà passé au CCF pour le même sujet. L'amélioration de la productivité du travail, la protection des sols contre l'érosion et la restauration de leur fertilité, nécessitent une gestion agrobiologique des systèmes de culture. Celle-ci repose sur la suppression du travail du sol et sur sa protection par une couverture végétale vive (permanente) ou constituée de résidus et pailles (temporaire). Dans ces conditions, les composantes de la fertilité des sols sont reconstituées de façon durable, sur le plan physicochimique et pour l'activité micro et macrobiologique. Ces orientations permettent une utilisation plus raisonnée, donc réduite, des intrants chimiques, ainsi qu'une réduction des temps de travaux. La réponse qu'elles apportent à la demande des agriculteurs, permet de satisfaire aussi les exigences concernant l'environnement : protection des infrastructures contre les dégâts cycloniques, diminution des facteurs de pollution (qualité des productions agricoles, eau de consommation, lagon), diminution de l'ensablement du lagon et amélioration du paysage (tourisme). Les travaux de recherche antérieurs et en cours, permettent de proposer une large gamme de systèmes de cultures correspondant à des niveaux de technicité différents. Ils intègrent à la fois les cultures des filières traditionnelles (canne à sucre et géranium) et les cultures de diversification (vivrières, maraîchères, fruitières et petits élevages). Par Rebouh H.