Avec plus d'un milliard de personnes sous-alimentées dans le monde, la FAO appelle à une augmentation de la production de denrées alimentaires " là où vivent les pauvres et les affamés " et à un renforcement des investissements en agriculture. Aucun chef d'Etat ou de gouvernement du G8 (à l'exception de Silvio Berlusconi) ne s'est pourtant déplacé à Rome où s'est tenu , le Sommet mondial sur la sécurité alimentaire. " Il ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans sécurité climatique ", a lancé Ban Ki-moon, qualifiant la crise alimentaire actuelle de " sonnette d'alarme pour demain ". Selon le secrétaire général de l'ONU, les conséquences seront dramatiques pour la production alimentaire mondiale alors que la démographie se poursuit à un rythme soutenu dans les pays en développement. "Si les glaciers de l'Himalaya fondent, cela affectera les moyens d'existence et la survie de 300 millions de personnes en Chine et jusqu'à un milliard de personnes à travers l'Asie ". Les petits paysans africains, qui produisent la majeure partie des denrées alimentaires du Continent et qui dépendent principalement de la pluie, pourraient également voir leurs récoltes baisser de moitié d'ici à 2020. L'élimination de la faim de la surface de la terre nécessiterait, selon les experts de la FAO, 44 milliards de dollars par an d'aide publique au développement qu'il faudrait investir dans les infrastructures, les technologies et les intrants modernes. " Cette somme est modeste quand on sait que les subventions aux producteurs agricoles dans les pays de l'OCDE ont totalisé 365 milliards de dollars en 2007 et que les dépenses pour les armements dans le monde ont atteint 1 340 milliards de dollars la même année ", ajoute Jacques Diouf, directeur général de la FAO. Le Sommet mondial s'achève à Rome sur un constat dramatique, déterminé à faire disparaître la faim dans le monde, mais sans apporter de réponses concrètes " au milliard d'affamés " de la planète. Mettre un terme à la faim impliquerait un changement de cap radical visant à garantir ce développement dans le cadre de la souveraineté alimentaire .Une telle approche suppose des prix stables et rémunérateurs pour toutes les paysanneries du monde. Il faudrait pour cela disposer de systèmes efficaces de gestion de l'offre aux niveaux international, national et régional, fondés sur l'ajustement constant des productions et une protection variable aux frontières. Corollairement, rééquilibrer les relations entre acteurs paraît crucial, tant en renforçant le pouvoir des organisations paysannes qu'en réduisant celui de l'industrie agroalimentaire et de la grande distribution. Investir davantage est fondamental - mais pas dans n'importe quelles conditions. Les décennies de soutien à un modèle d'agriculture industrielle intensive ont montré leurs limites. L'agroécologie offre des solutions qui permettent d'accroître la productivité tout en contribuant à respecter la planète en limitant, notamment, l'impact sur le changement climatique. En avril 2008, près de soixante gouvernements signaient le rapport sur l'" Evaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement (IAASTD) " Réalisé par 400 hercheurs du monde entier, ce rapport pluridisciplinaire appelle à réorienter et à augmenter le financement d'une révolution agricole écologique. Il demande la mise en œuvre de politiques garantes de l'accès à la terre, aux semences et à l'eau potable. L'augmentation inédite du nombre de victimes de la faim en 2009 incite en effet à poser la question de fond : quel modèle agricole et alimentaire faudra t-il adopter pour sauver le monde de la famine? Dalila B.