Une réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire va être organisée à Madrid les 26 et 27 janvier 2009 et sera coprésidée par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatéro, a indiqué l'ONU dans un communiqué. Le sommet aura pour but de préparer une feuille de route destinée à lutter plus efficacement contre la faim, a dit la porte-parole du Secrétaire général, Michèle Montas. Ban Ki-moon a fait cette annonce lors de la sixième réunion du Groupe de travail de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire. Il a salué les propositions de plusieurs gouvernements pour assurer un suivi de la conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire organisée à Rome en juin dernier et a noté les contributions des pays industrialisés du G8 sous la présidence du Japon à cet égard. Le Secrétaire général des Nations unies a, par ailleurs, annoncé qu'il nommerait David Nabarro au poste de Coordonnateur du Groupe de travail à partir du 1er janvier 2009, qui sera basé au Fonds international du développement agricole (Fida), à Rome. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a appelé les Etats membres à allouer 1 % de ce qui est proposé pour remédier à la crise financière, aux besoins urgents en matière d'alimentation dans le monde. " Nous avons besoin d'un signal fort pour faire renaître l'espoir de la possibilité de mettre en place un ensemble de mesures d'assistance aux populations", a dit Josette Sheeran, directrice exécutive du PAM."Tandis qu'on s'occupe de Wall Street et de l'homme de la rue, on ne peut pas oublier les endroits où il n'y a même pas de rue", a-t-elle souligné. Le PAM aura besoin de 5,2 milliards de dollars en 2009 pour nourrir les plus affamés, soit près de 100 millions d'êtres humains.Or, selon Josette Sheeran, avec à peine 1 % de ce qui est prévu aux Etats-Unis et en Europe pour stimuler l'économie et sauvegarder les institutions financières, on pourrait financer totalement les activités du PAM. Cette somme pourrait contribuer à nourrir 59 millions d'écoliers affamés dans le monde (3 milliards de dollars par an) et à établir des fonds de réserve pour acquérir des stocks alimentaires en cas d'urgence sans compter les besoins de financement de la production agricole des petits exploitants, qui ont vu le prix des semences et des engrais plus que doubler depuis 2006. " Il faut montrer aux dirigeants les valeurs véhiculées par leur choix de politique. Le monde va débloquer des trillions de dollars pour la finance. Que vont-ils débloquer pour sauver des êtres humains ? ", s'est interrogée Josette Sheeran. Quarante millions de personnes supplémentaires ont rejoint cette année les rangs des sous-alimentés de la planète du fait principalement de la hausse des prix des denrées alimentaires, ce qui porte le nombre d'affamés dans le monde à 963 millions, selon les estimations préliminaires de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Et la crise économique et financière actuelle pourrait entraîner une augmentation du nombre des victimes de la faim et de la pauvreté, met en garde la FAO dans un récent communiqué. " Les prix des denrées alimentaires ont chuté depuis le début de l'année, mais cela n'a pas mis fin à la crise alimentaire dans beaucoup de pays pauvres ", a déclaré le sous-directeur général de la FAO, Hafez Ghanem. " Pour des millions de personnes dans les pays en développement, manger le minimum requis pour mener une vie saine et active reste un rêve lointain. Les problèmes structurels de la faim et du manque d'accès à la terre, au crédit et à l'emploi ainsi que les prix élevés des denrées alimentaires demeurent une réalité cruelle ", a-t-il ajouté. Les prix des principales céréales ont chuté de plus de la moitié par rapport aux sommets atteints début 2008, mais ils restent élevés comparés aux niveaux des années précédentes. Bien qu'il ait fortement baissé au cours des derniers mois, l'indice FAO des prix des denrées alimentaires était, en octobre 2008, toujours plus haut de 28 % par rapport à son niveau d'octobre 2006. Les prix des semences, des fertilisants (et d'autres intrants) ayant plus que doublé depuis 2006, les paysans pauvres n'arrivent plus à augmenter leur production alors que les fermiers riches, notamment dans les pays développés, ont les moyens de faire face à la hausse des coûts des intrants et peuvent s'agrandir. Résultat : l'accroissement de la production céréalière dans les pays développés atteindrait au moins 10 % en 2008 alors qu'il ne dépasserait même pas 1 % dans les pays en développement.