Le total des rémunérations versées par les principales banques et institutions financières américaines a bondi de près de 18% en 2009 pour atteindre le record de 145 milliards de dollars (100 milliards d'euros), d'après les calculs du Wall Street Journal. L'enquête publiée par le journal dans son édition internet de jeudi révèle que les traders, banquiers d'affaires et gestionnaires de fortune peuvent s'attendre à voir leurs revenus dépasser légèrement les records qui avaient été atteints en 2007. Le Wall Street Journal a réalisé ces estimations en se basant sur les chiffres officiels communiqués par les sociétés pour les neuf premiers mois de l'année et sur des prévisions pour le dernier trimestre. Pourtant, même si le patron de Goldman Sachs pour l'Allemagne et l'Europe de l'Est estimait, jeudi, que les banques n'avaient pas pour objet de " promouvoir le bien public ", l'opinion, qui est aussi le contribuable, s'indigne, de part et d'autre de l'Atlantique, des montants faramineux dont il est question. À cet égard, Barack Obama, dans la foulée de la présentation de sa taxe sur les banques jeudi (voir " La Tribune " du 15 janvier), a déclaré à propos des bonus, qu'il a qualifiés d'" obscènes ", qu'il " n'exclut pas " de légiférer sur ce sujet. Selon le " New York Times ", Goldman Sachs s'apprête à verser un salaire moyen de 595.000 dollars à l'ensemble de ses employés. De son côté, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, a rappelé vendredi les principes en matière de rémunérations dans les banques. " Nos démocraties politiques n'acceptent plus des comportements qui doivent disparaître, qui ne sont plus acceptés par nos sociétés ", a-t-il déclaré sur France Inter. " Le principe que nous demandons aux banques de respecter, c'est de mettre de côté le plus possible ce qui est nécessaire pour se renforcer et être capables de faire leur boulot ". Il a estimé que les banques devaient respecter " des principes sur les rémunérations qui font l'objet d'un consensus mondial ". Celui-ci avait été dégagé en septembre dernier dans le cadre du G20 de Pittsburgh, et portait notamment sur l'étalement des bonus dans le temps et leur répartition entre cash et titres. Des initiatives unilatérales ont ensuite été prises par la Grande-Bretagne et la France, pour taxer les bonus. Reste à savoir si l'administration Obama mettra sa menace à exécution pour emboîter le pas à la vieille Europe.