Le scandale des primes faramineuses distribuées par les grandes banques à leurs dirigeants vient d'être encore alimenté par un rapport officiel aux Etats-Unis. Ce scandale avait amené le président américain Obama à proposer un texte de loi pour lutter contre le phénomène qui touche les grandes compagnies sauvées de la faillite par l'Etat qui a puisé pour cela dans les caisses du Trésor. La Chambre des représentants a adopté, vendredi dernier, ce projet de loi conçu pour limiter le phénomène des rémunérations des dirigeants dans les grandes compagnies. Une pratique qui a choqué l'opinion aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe. Surtout que l'argent des primes provient des sommes que l'Etat a injectées pour sauver les compagnies. Cette adoption survient au lendemain de la publication d'un rapport officiel préparé par le ministère de la Justice de l'Etat de New York qui dénonce ces pratiques. Un rapport officiel, publié jeudi aux Etats-Unis, a établi que les grandes banques américaines ont versé à leurs dirigeants, en 2008, des primes qui n'avaient aucun lien avec les résultats obtenus par ces mêmes banques. Ainsi, on apprend que les primes versées à leurs cadres par les banques Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan Chase étaient supérieures aux bénéfices faits par ces mêmes banques. Les primes versées en 2008 par Goldman Sachs se sont élevées à 4,8 milliards de dollars alors que le bénéfice de la banque n'a été que de 2,3 milliards de dollars. Les primes versées par Morgan Stanley ont été de 4,475 milliards de dollars alors que les bénéfices avaient été de 1,7 milliard de dollars. Le versement de ces primes a été puisé des 10 milliards de dollars que chacune de ces banques a reçu du Trésor afin qu'elles évitent la faillite. Citigroup, qui avait perdu 27 milliards de dollars, a versé 5,33 milliards de dollars en primes à ses cadres. De même que Merrill Lynch qui a perdu la somme de 27 milliards de dollars a versé, pour sa part, 3,6 milliards de dollars en primes. JP Morgan, qui a fait un bénéfice de 5,6 milliards de dollars, a trouvé le moyen de verser 8,6 milliards de dollars en primes grâce à l'injection de l'importante somme de 25 milliards de dollars qu'elle a reçue du Trésor. La loi adoptée vendredi par la Chambre des représentants, qui est destinée à limiter la rémunération des dirigeants, doit permettre aussi aux actionnaires d'avoir un regard sur les avantages des dirigeants et surtout sur les primes de départ en fonction de leurs résultats. Les structures de régulation peuvent aussi grâce à cette loi limiter les compensations qu'elles jugeront excessives. La loi, qui a été adoptée par 237 voix contre 145, doit encore passer devant le Sénat. La régulation dans le système financier américain est l'un des plus grands chantiers que le président Obama a ouvert, vu l'immense pouvoir détenu par les groupes financiers aux Etats-Unis et par l'institution de Wall Street d'une manière générale. La portée de la réforme que le président Obama veut mener à terme aura des incidences au niveau mondial. Elle pourra protéger les citoyens contre les excès des spéculateurs du monde de la finance et aura des incidences sur les prix des matières premières qui restent les principales cibles de la spéculation. Le projet de loi doit passer devant le Sénat dans quelques semaines.