Le Premier ministre turc, M. Recep Tayib Erdogan dans un entretien accordé à une chaîne d'information en continu, a évoqué sans détour les négociations d'adhésion de son pays à l'Union européenne ( UE), les relations avec Israël, la minorité kurde et la question arménienne. Expliquant la lenteur des négociations d'adhésion avec l'UE, le Premier ministre turc, a été catégorique pour mettre en cause certains membres de l'Union : " Malheureusement, certains Etats membres de l'Union n'agissent pas honnêtement. C'est de là que viennent les problèmes. Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce qu'ils tentent d'acculer la Turquie avec des conditions qui n'existent pas dans l'acquis communautaire. Et cela est très correct. Nous devons garder à l'esprit que nous, les dirigeants, nous sommes mortels mais que les nations ne le sont pas. Une approche négative de la part d'un dirigeant envers un pays peut influer négativement la perception que le peuple de ce pays a de son leader ". A travers, ses propos M. Erdogan, se dit faire allusion au président Français, Nicolas Sarkozy. " Oui. Monsieur Sarkozy provoque des choses que l'on ne comprend pas facilement. Mais peu importe ce qu'ils font ou les obstacles qu'ils placent sur notre chemin, nous poursuivront notre marche patiemment. Il peut certainement y avoir une fin à cela, le jour où tous les Etats membres diront : nous n'acceptions pas la Turquie. Mais jusqu'à ce qu'ils disent, nous ne stopperons pas ". A la question : Pensez-vous que les différences religieuses et culturelles expliquent cette approche négative de la part de certains dirigeants européens ? M. Erdogan a eu cette réponse : L'Union européenne ne devrait pas devenir un club chrétien. L'UE ne devrait pas prendre part à une campagne islamophobe. Et chaque pays faisant cela doit être prévenu. Par exemple, moi-même, en tant que Premier ministre de la Turquie, j'ai ouvertement condamné l'antisémitisme et reconnu que cela était un crime contre l'Humanité. Mais je suis aussi sensible lorsqu'il s'agit d'islamophobie, parce que je suis un musulman, et je ne pourrais tolérer l'antislamisme. Parlant des négociations sur la réunification de Chypre, il revient à dire que jusqu'à présent, " l'UE européenne n'a pas été honnête non plus sur le dossier chypriote. 65 % des électeurs du nord de Chypre ont dit oui au plan Annan. Et s'est-il passé dans le sud ? 75 % ont dit non. Alors qui est honnête dans une telle situation ? Le nord de Chypre ". Il souligne à cet effet que l'UE porte une grande responsabilité dans le blocage actuel. " Ils ont commis une erreur historique en acceptant la partie sud de Chypre dans l'Union. Mr. Schröder a vivement critiqué cette politique européenne en disant que le nord de Chypre avait été traité de façon immorale ". Il ajoute que Madame Merkel dit aussi : " Nous avons fait une erreur en acceptant le sud de Chypre. Ils n'admettent pas. Mais maintenant, nous voyons qu'ils défendent le sud de Chypre. D'ailleurs, appeler le sud de Chypre, Chypre tout court est une autre politique parce qu'au nord il y a un autre Etat qui est en conflit avec le sud. Et nous, en tant que Turcs, nous reconnaissons cet Eta nord. Nous ne spéculons pas sur cet Etat ". Concernant la question kurde, le Premier ministre turc, affirme que c'est l'un des sujets les plus importants de l'agenda des dernières années. " Mais si nous appelons cela la question kurde, nous affaiblissons notre projet. C'est un projet d'unité nationale et un projet d'amitié. Il n'est pas seulement concentré sur les Kurdes. C'est une initiative démocratique et l question kurde représente seulement un des problèmes ethniques. Mais malheureusement, cela a été mal compris par la société occidentale. Parce que si vous considérez cette question comme une question uniquement kurde, vous manquez de respect aux autres groupes ethniques qui composent la Turquie et la nation turque. Ce plan, ce projet les concerne tous. Nous travaillons sur d'autres groupes ethniques également ". S'étalant sur les relations de son pays avec Israël, M. Erdogan dit : " Perdre un ami comme la Turquie ? C'est une chose à laquelle Israël devrait songer.