Le responsable de l'aide alimentaire de l'Union européenne à Dakar a alerté jeudi dernier la communauté internationale à propos de la crise alimentaire qui guette la région du Sahel. Des millions de personnes sont exposées au risque de famine et de malnutrition en Afrique de l'ouest, l'insuffisance de pluies ayant compromis les récoltes, a averti jeudi à Dakar le représentant de l'office d'aide humanitaire de la Commission européenne. "Nous sommes déjà dans ce qui ressemble à une période de vulnérabilité extrême et de difficulté extrême pour les populations les plus désavantagées", a déclaré le responsable Afrique de l'Ouest d'Echo, Brian O'Neill, devant des journalistes réunis à Dakar. "Une crise alimentaire sévère" menace 2,7 millions de personnes au Niger, où il y aura un déficit d'un million de tonnes de céréales, a-t-il estimé. Cinq autres millions de personnes sont concernées par un "risque modéré" de crise alimentaire dans ce pays. Evoquant les situations au Niger, au Tchad, dans le nord du Burkina Faso du nord et le nord du Nigeria, O'Neill a déclaré: "Les pluies irrégulières de la saison agricole 2009/2010 ont abouti à un énorme déficit dans la production alimentaire de ces pays". Il a souligné qu'une forte mobilisation des Nations unies et du reste de la communauté internationale serait nécessaire pour venir en aide à cette région du monde, alors même que des fonds importants sont dirigés vers Haïti, à la suite du séisme du 12 janvier qui a fait au moins 170.000 morts. Le Niger a besoin de 147 000 tonnes de céréales pour couvrir ses besoins alimentaires au cours de l'année 2010, selon le coordonnateur du Système d'alerte précoce (SAP), Hamani Harouna. Ce dernier s'exprimait au cours d'une conférence de presse conjointe avec le directeur général par intérim de l'Institut national des statistiques (INS), Ekadé Ghalio. Citant les résultats d'une enquête sur la vulnérabilité alimentaire des ménages nigériens ils ont indiqué qu'environ 20 % des Nigériens, soit 2,7 millions personnes, sont dans une situation de vulnérabilité. Parmi eux, 38 % sont en "situation de vulnérabilité modérée", 32,7 % sont dans une "situation faiblement vulnérable" et 9 % ne sont pas du tout vulnérables. Ils ont en outre précisé que les "faiblement vulnérables" et les "non vulnérables" peuvent, quelle que soit l'évolution de la situation, couvrir leurs besoins alimentaires jusqu'aux prochaines récoltes. Pour les autres, l'Etat est en train de prendre les dispositions, notamment en termes de mesures d'accompagnement, pour faire face à la situation.