Touchées de plein fouet par la sécheresse, plusieurs régions du Mali, du Niger et du Tchad connaissent une situation alimentaire catastrophique, selon les spécialistes de l'ONG d'OXFAM. Plus de 10 millions de personnes sont menacées par la crise alimentaire au Sahel, affirment ces spécialistes au cours d'une conférence de presse à Dakar. L'ampleur de la crise a atteint un niveau record au Niger et au Tchad, constatent-ils, avec respectivement 7, 1 millions et 2 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire. "A l' heure actuelle, il y a 2,7 millions de personnes qui souffrent d' une insécurité alimentaire sévère au Niger d'après une étude nationale sur la sécurité alimentaire datée d'avril 2010", précise Alexandros Yi Annopoules, spécialiste de sécurité alimentaire d' urgence à OXFAM . D'après le directeur régional adjoint d'OXFAM, chargé de la crise alimentaire au Sahel, Raphaël Sindaye, "il faut environ 14 milliards de francs CFA pour atteindre à peu près quelques 800.000 bénéficiaires, dans les trois pays : Tchad, Niger, Mali". Aujourd'hui, poursuit-il, "nous sommes à 40, 50% d'aide, y compris les fonds propres d'OXFAM. Celui des partenaires étant de 30 à 40%". Selon ces spécialistes, le manque de pluie n'est pas la cause de la crise alimentaire au Sahel mais plutôt le facteur déclencheur de la crise. La véritable cause de la crise est d'ordre structurel. Il s' agit "de la capacité de production de ces pays. Il faut augmenter les investissements dans l'agriculture. Cela demande une volonté politique et une bonne organisation", affirme M. Sindaye. Il n'y a pas de signes annonciateurs de crise alimentaire au Sénégal pour cette année. Mais dans d'autres pays du Sahel, notamment le Niger, le Tchad et le Mali, la situation est alarmante. Ce constat est de Raphael Sindaye, directeur régional adjoint, chargé de la crise alimentaire au Sahel à Oxfam Grande Bretagne. Alertant les gouvernements des pays d'Afrique de l'ouest, ainsi que la communauté des bailleurs de fonds sur l'ampleur et la sévérité de la crise, M. Sindaye estime le taux de malnutrition dans la zone à 17% et le nombre de personnes menacées par ce phénomène à 10 millions. Dressant un tableau très sombre de la situation, ?le directeur régional adjoint d'Oxfam G.B indique que "les familles ne mangent plus à leur faim. Elles préparent un repas par jour. Le cheptel, seul capital des populations de ces pays est décimé" ? Gilles Marion, directeur d'Oxfam G.B au Mali renseigne que 60% des populations sont en insécurité alimentaire, avec un taux de malnutrition de 2%. 40% du cheptel sont décimés. "D'ici quatre mois, s'il n'y a pas d'intervention, la situation sera catastrophique. Les signes annonciateurs sont là depuis mars, mais les acteurs n'ont pas reconnu la crise", s'alarme le directeur pays. Au Tchad, l'insécurité alimentaire est plus préoccupante. Si l'on en croît Nanthilde Kamara, conseillère en sécurité alimentaire, la situation alimentaire et nutritionnelle s'est largement dégradée. Les personnes en insécurité alimentaire sont évaluées à 2 millions. Plus de 100 milles enfants sont menacés de malnutrition aiguë sévère. Dans les 6 régions ouest du Tchad, 42,3% de la population sont en insécurité alimentaire sévère et 18,5% en insécurité alimentaire modérée, soit 6 ménages sur 10 dans une situation alimentaire difficile. Sur la situation au Niger où 7,1 millions de personnes sont en insécurité alimentaire, Alexandros Yiannopoulos, spécialiste en sécurité alimentaire d'urgence rapporte que faute de nourriture, les femmes creusent des fourmilières pour récupérer les graines stockées par les fourmis. Face à cette situation, Oxfam G.B invite les gouvernements de la région ainsi que les bailleurs de fonds à venir en aide à ces pays touchés par la crise. "Aujourd'hui, les moyens ne suffisent pas. On n'en est qu'à 30, voire 40% des moyens. Nous invitons les gouvernements à une solidarité régionale et à une solidarité internationale, ? à mettre à la disposition des populations plus de ressources pour pouvoir répondre à cette crise", lance Raphael Sindaye. Oxfam G. B. souhaite aussi que sur le long terme, des moyens soient mobilisés dans l'agriculture ? "On ne peut rien faire si on n'a rien dans le ventre. Il faut donc que tous les pays de l'Afrique de l'ouest se lèvent comme un seul homme pour financer la politique agricole de l'Afrique de l'ouest, surtout les cultures vivrières", plaide-t-il. L'Ong britannique estime les besoins de financement de la crise alimentaire dans ces différents pays touchés au Sahel à 14 milliards de francs Cfa. Sur ses fonds propres, Oxfam a déjà sorti 2,5 milliards de francs Cfa pour apporter une réponse rapide à la crise.