L'Iran dit avoir procédé avec succès au tir expérimental d'un lanceur de satellite, initiative propre à inquiéter les pays occidentaux qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Lors d'une cérémonie où ont été présentés trois nouveaux satellites et d'autres éléments relevant de la technologie spatiale, le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que la République islamique espérait envoyer prochainement des astronautes dans l'espace. "Le domaine où l'on brisera le système autoritariste mondial est celui de la science et de la technologie", a-t-il déclaré en se référant aux adversaires de l'Iran. Les Etats occidentaux craignent que l'Iran ne cherche à se doter d'armes nucléaires et que la technologie des missiles balistiques à longue portée utilisée pour mettre des satellites en orbite ne lui serve aussi à lancer des ogives. Téhéran affirme ne nourrir aucun projet de ce type. Mardi, Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré que l'Iran était prêt à transférer à l'étranger son uranium faiblement enrichi pour qu'il soit converti en combustible nucléaire à usage médical, conformément à un compromis qui est censé dissiper les soupçons occidentaux. Il semblait ainsi renoncer pour la première fois aux conditions que son pays posait jusque-là. Les Etats-Unis ont aussitôt réagi en faisant savoir que si ce changement d'attitude était sérieux, l'Iran devait en informer l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mercredi, le président iranien n'est pas revenu sur la question nucléaire. "L'Iran lance avec succès un lanceur de satellite Kavoshgar 3 de fabrication nationale", a rapporté la chaîne de télévision en langue anglaise TV Press. La fusée doit renvoyer vers la terre des données électroniques et des séquences filmées en direct, a-t-elle ajouté. Press TV a diffusé des images d'une fusée qui décollait d'une rampe de lancement dans le désert. D'autres médias iraniens ont dit qu'il s'agissait d'un tir expérimental. "C'est une percée considérable (...) et nous espérons pouvoir envoyer bientôt nos propres astronautes dans l'espace", a déclaré Mahmoud Ahmadinejad. Le chef de l'Etat iranien prenait la parole dans une salle de conférence de Téhéran où ont été dévoilés les nouveaux satellites et un autre lanceur de satellite. L'événement, retransmis en direct à la télévision d'Etat, coïncidait avec dix journées de festivités nationales marquant le 31e anniversaire de la Révolution islamique de 1979. Il y a un an, l'Iran avait procédé au tir expérimental d'un missile à longue portée Sejil 2 modernisé. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, avait alors déclaré que ce lancement était un sérieux motif de préoccupation pour la communauté internationale et mettait en évidence la nécessité d'un durcissement des sanctions imposées à l'Iran. Le Pentagone a noté dans un rapport publié lundi que l'Iran avait accru ses capacités dans le domaine des missiles balistiques et faisait planer une menace grave sur les forces américaines et alliées au Moyen-Orient. Pour contrer cette menace, les Etats-Unis ont renforcé leurs systèmes de défense antimissile basés à terre et sur mer dans le Golfe et ses environs, disent des responsables américains. Notons que les Etats-Unis ont exhorté mardi l'Iran à informer l'Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA) de sa décision sur l'accord élaboré par l'ONU concernant l'échange de l'uranium, car le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré mardi que son pays est prêt à transporter l'uranium faiblement enrichi à l'étranger pour un meilleur enrichissement. "Si les commentaires de monsieur Ahmadinejad réflètent une position iranienne révisée, nous souhaitons que l'Iran en informe l'IAEA", a indiqué le porte-parole du Conseil de sécurité national des Etats-Unis, Mike Hammer. M. Ahmadinejad a déclaré dans un entretien télévisé plus tôt le même jour que l'Iran n'a aucun problème pour convoyer son uranium faiblement enrichi à l'étranger pour l'enrichissement et le rapporter après quelque mois, signalant un majeur changement dans la position iranienne. Selon un avant-projet élaboré par l'IAEA, la plupart de l'uranium faiblement enrichi de l'Iran, combustible nucléaire pour ses réacteurs de recherches, sera expédié en France et en Russie, où il sera traité en barres de combustible d'une pureté de 20%. L'uranium enrichi d'un niveau plus élevé sera renvoyé vers l'Iran. Avant mardi, l'Iran refusait cet avant-projet. Selon M. Hammer, l'avant-projet est une offre équilibrée et de bonne foi à l'égard des réacteurs de recherches de Téhéran.