Umar Farouk Abdulmutallab, le jeune Nigérian qui a tenté de commettre un attentat à bord d'un vol entre Amsterdam et Detroit, le 25 décembre, coopère à nouveau avec les enquêteurs auxquels il fournit des renseignements utiles, annonce un membre des services de sécurité. Selon une source haut placée de l'administration, s'exprimant sous condition d'anonymat, des agents du FBI se sont rendus au Nigeria peu après la tentative ratée d'attentat. Ils ont convaincu la famille du jeune homme de les suivre aux Etats-Unis, et de l'inciter à coopérer. Les autorités espéraient garder la chose secrète, mais le directeur du FBI Robert Mueller a été contraint, lors d'une audition au Sénat, de reconnaître que le suspect avait "donné des informations importantes". Umar Farouk Abdulmutallab s'est d'abord montré coopératif pendant une heure environ, puis a refusé de répondre à ses interrogateurs du FBI. Ces derniers lui ont alors lu ses droits, ce qui en fait un justiciable comme les autres. L'initiative a valu à l'administration Obama les critiques de l'opposition républicaine et d'une partie de la majorité, qui souhaitent le voir jugé par un tribunal militaire et interrogé par des agents des services de renseignement plutôt que par le FBI. "Abdulmutallab parle et il parle depuis la semaine dernière, apportant des informations utiles, exploitables et actuelles auxquelles nous donnons suite", a déclaré un membres des forces de l'ordre ayant requis l'anonymat. "Je suis convaincu qu'il continuera à coopérer", a-t-il poursuivi, précisant que deux agents du FBI s'étaient rendus au Nigeria dans les jours qui ont suivi son attentat manqué pour rencontrer ses proches. Ces derniers ont, selon lui, joué un rôle déterminant dans son revirement. Le haut fonctionnaire a refusé de dire si le père d'Abdulmutallab, qui avait alerté les autorités américaines de sa radicalisation, faisait partie des membres de sa famille qui ont accepté de rendre aux Etats-Unis le 17 janvier. Avant de refuser de répondre aux enquêteurs, le jeune homme avait dit avoir suivi une formation au maniement des explosifs au Yémen, ce qui a valu à ce pays l'attention de la communauté internationale. L'attentat a, qui plus est, été revendiqué par Al Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), établie au Yémen. "Nous continuons à explorer la genèse de ce complot et (à enquêter sur) les autres complots visant le territoire national qu'AQPA et les extrémistes yéménites qui y sont associés pourraient avoir ourdi", a déclaré mardi Dennis Blair, directeur des services de renseignement nationaux. "Nous craignons qu'ils ne continuent à le faire, mais nous ignorons s'ils ont l'intention de confier cette tâche à de hauts responsables dans la mesure où le mouvement donnait par le passé la priorité aux opérations régionales", a-t-il poursuivi, s'adressant aux membres d'une commission sénatoriale. Umar Farouk Abdulmutallab a été informé de ses droits et autorisé à garder le silence après son arrestation, puis il a été interrogé par la police. Certains membres de l'opposition estiment qu'il aurait dû être traité comme un prisonnier de guerre et soumis à un interrogatoire militaire par des agents spécialisés.