L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé aujourd'hui Israël de n'avoir pas mené une enquête "impartiale et approfondie" sur des crimes de guerre qu'auraient commis son armée durant l'offensive à Gaza de l'an dernier. "Israël n'a pas montré qu'il entend mener une enquête approfondie et impartiale sur des allégations selon lesquelles ses forces auraient violé les lois de la guerre" durant l'opération "Plomb durci", affirme l'ONG, basée à New York, dans un communiqué. L'ONG précise avoir rencontré le 4 février des juristes de l'armée israélienne mais que ceux-ci ne l'ont pas convaincue que les enquêtes internes de Tsahal sont "impartiales et approfondies" et qu'elles "concernent les directions politiques et militaires dont les décisions ont entraîné des morts de civils à l'encontre des lois de la guerre". "Il est crucial de mener une enquête indépendante pour comprendre pourquoi autant de civils ont été tués et pour pouvoir poursuivre les responsables d'attaques illégales", a déclaré un responsable de HRW, Joe Stork. Les enquêtes internes de l'armée "ont concerné surtout des soldats qui avaient désobéi aux ordres sur les règles d'engagement de l'armée, sans se préoccuper si ces ordres ne violaient pas les lois de la guerre", a-t-il estimé. L'ONG relève la "mort de 53 civils dans 19 incidents au cours desquels L'armée israélienne a apparemment violé les lois de la guerre". L'offensive a fait du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 1.400 morts, pour la plupart des civils, côté palestinien, selon des sources médicales locales, et 13 côté israélien. Le rapport Goldstone, commissionné par l'ONU, recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si Israël et les Palestiniens, accusés de "crime de guerre" voire de "crimes contre l'humanité" durant la guerre, n'annonçaient pas d'ici fin janvier leur intention de mener des enquêtes "crédibles" sur la conduite du conflit. Notons par ailleurs qu'un haut responsable palestinien a accusé samedi l'administration américaine d'avoir une part de responsabilité dans le blocus israélien sur la bande de Gaza qui dure depuis plus de trois ans. Jamal al-Khodari, parlementaire palestinien et chef du comité pour défier le blocus sur Gaza, a indiqué dans un communiqué de presse envoyé aux médias que "l'administration américaine était injuste dans les relations avec les Palestiniens." Israël impose un blocus stricte sur la bande de Gaza depuis plus de trois ans, parallèlement à un embargo américain contre le mouvement du Hamas, qui s'est emparé du contrôle de l'enclave en juin 2007. Les Etats-Unis ont appelé Israël jeudi à assouplir le blocus sur la bande de Gaza imposé depuis le kidnapping par le Hamas et d'autres groupes militants du soldat israélien Gilad Shalit en juin 2006. "Les Etats-Unis n'ont jamais été serieux dans leurs appels en direction d'Israël pour l'assoupplissement du blocus imposé sur la bande de Gaza depuis plus de trois ans," a indiqué al-Khodari. Il a souligné que les Etats-Unis "partagent, avec l'occupation israélienne, la responsabilité de l'imposition du blocus," ajoutant que "le récent appel américain a été lancé pour atténuer la pression sur Israël après le rapport des Nations unies, qui a accusé l'Etat hébreux de commettre des crimes de guerre contre les civils palestiniens." Les Etats-Unis ont proposé un projet de plan à l'Autorité nationale palestinienne (PNA), suggérant un assouplissement des restrictions israéliennes sur la Cisjordanie et Gaza, y compris sur le blocus à Gaza pour la reprise des discussions de paix avec l'Etat hébreux. Toutefois, l'Autorité nationale palestinienne a indiqué qu'elle examinait la proposition et y répondrait bientôt.