C'est l'accusation portée hier par l'ONG américaine, HRW, contre l'Etat hébreu confirmant le scepticisme exprimé jeudi par le secrétaire général de l'ONU. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé hier Israël de n'avoir pas mené une enquête «impartiale et approfondie» sur des crimes de guerre qu'auraient commis son armée durant l'offensive à Ghaza de l'an dernier. «Israël n'a pas montré qu'il entend mener une enquête approfondie et impartiale sur des allégations selon lesquelles ses forces auraient violé les lois de la guerre» durant l'opération «Plomb durci», affirme l'ONG, basée à New York, dans un communiqué. L'ONG précise avoir rencontré le 4 février des juristes de l'armée israélienne mais que ceux-ci ne l'ont pas convaincue que les enquêtes internes de l'armée israélienne sont «impartiales et approfondies» et qu'elles «concernent les directions politiques et militaires dont les décisions ont entraîné des morts de civils à l'encontre des lois de la guerre». «Il est crucial de mener une enquête indépendante pour comprendre pourquoi autant de civils ont été tués et pour pouvoir poursuivre les responsables d'attaques illégales», a déclaré un responsable de HRW, Joe Stork. Les enquêtes internes de l'armée «ont concerné surtout des soldats qui avaient désobéi aux ordres sur les règles d'engagement de l'armée, sans se préoccuper si ces ordres ne violaient pas les lois de la guerre», a-t-il estimé. L'ONG relève la «mort de 53 civils dans 19 incidents au cours desquels l'armée israélienne a apparemment violé les lois de la guerre». Lancée officiellement pour stopper des tirs de roquettes contre Israël, l'offensive a fait du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 1400 morts, pour la plupart des civils, côté palestinien, selon des sources médicales locales, et 13 côté israélien. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré jeudi n'être pas en mesure de déterminer si Israël et les Palestiniens se sont conformés à l'exigence de l'ONU d'ouvrir des enquêtes indépendantes et crédibles sur la guerre de l'hiver dernier à Ghaza. Dans un rapport transmis à l'Assemblée générale de l'ONU, M.Ban déclare qu'à ce stade, «aucune détermination ne peut être faite sur la mise en oeuvre par les parties concernées de la résolution» 64/10 de l'Assemblée. Dans cette résolution adoptée le 5 novembre, l'Assemblée plénière de l'ONU avait donné trois mois à Israël et aux Palestiniens pour ouvrir des enquêtes «crédibles» sur les allégations de crimes de guerre commis lors du conflit de Ghaza, contenues dans le rapport de la Commission d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone. Le rapport Goldstone, commissionné par l'ONU, recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si Israël et les Palestiniens n'annonçaient pas d'ici fin janvier leur intention de mener des enquêtes «crédibles» sur la conduite du conflit. Le ministère israélien des Affaires étrangères s'est félicité en fin de semaine, dans un communiqué, de la déclaration du secrétaire général estimant qu'elle tenait compte d'un rapport communiqué par Israël. Dans ce rapport Israël affirme avoir ouvert des enquêtes sur 150 incidents séparés, dont 36 font l'objet d'une enquête criminelle. Deux officiers supérieurs ont reçu un blâme et une seule condamnation a été prononcée, selon l'armée: contre un soldat qui avait volé une carte de crédit.