Des états et des fonds privés louent et achètent des terres agricoles hors de leurs frontières. Avec 30 millions d'hectares en trois ans, le phénomène prend une telle ampleur qu'il ne sera pas sans incidence sur le fonctionnement des économies locales et sur les marchés mondiaux de produits agricoles. Aucun continent n'échappe à cette forme de colonisation agricole. Si les acquisitions se portent essentiellement dans les pays du Sud, les terres agricoles françaises sont elles aussi convoitées par des étrangers. Selon les Nations unies, 30 millions d'hectares de terres auraient été achetés ou loués par des capitaux étrangers sur les trois dernières années. Cette ruée vers l'or vert n'est pas prête de s'arrêter. D'après la Fao , sur 2,7 milliards d'hectares de terres cultivables dans le monde, seuls 1,5 milliard sont effectivement utilisés. Or 80 % de ces terres disponibles sont situées en Afrique ou en Asie, dans des pays en développement. Pour ces derniers, l'afflux d'investissement représente une véritable opportunité pour développer leur agriculture et bénéficier de transferts techniques. Pour les pays riches disposant de peu de terrain, il s'agit de sécuriser leur approvisionnement alimentaire dans un contexte d'envolée des prix des produits alimentaires. L'insécurité alimentaire créée par la hausse des prix des denrées alimentaires, provoque l'essor de ce phénomène en Afrique.Selon les Etats riches, la location des terres est nécessaire pour leur sécurisation alimentaire. Ce phénomène rappelle bien l'époque de la colonisation, ou l'argument justificatif nous disait que la colonisation était un mal nécessaire, que la colonisation était une politique du gagnant-gagnant, éducation des peuples africains contre procuration de matières premières. Avec le phénomène de la location des terres, il n'y a que les acteurs qui changent, ce n'est plus les Européens qui vont coloniser les terres d'Afrique, mais ce sont les pays asiatiques qui mènent le jeu cette fois-ci en Afrique. Selon le Financial Times, en novembre dernier, Daewoo logistics, un groupe sud coréen s'est " payé " Madagascar. Selon l'accord révélé par le Financial Times, Daewoo a mis la main sur 1,3 million d'hectares à Madagascar pour 99 ans sans une contrepartie financière. Officiellement Daewoo se charge juste de la mise en valeur des terres, soit un financement de six milliards de $ sur vingt-cinq ans. D'après M. Hong : "Madagascar est un pays totalement sous-développé qui est resté intact. Nous allons leur fournir des emplois en leur faisant cultiver la terre, ce qui est bon pour Madagascar ". Les 1,3 million d'hectares sous licence représentent presque la moitié des terres actuellement arables de ce pays africain qui en compte environ 2,5 millions. Madagascar pourrait aussi bénéficier des investissements de Daewoo sous forme de routes, d'irrigation et d'équipements pour le stockage des grains. Un diplomate européen en poste en Afrique du sud, déclarait à ce propos : " Nous craignons qu'il y ait très peu de bénéfices directs (pour Madagascar), les projets extractifs ayant très peu de retombées pour une industrialisation plus large ". Les travaux seront assurés par un groupe de Sud-Coréens et de Sud-Africains, d'où le rôle de spectateurs attribué aux malgaches sur leurs propres terres. Mais les malgaches ne sont pas les seuls dans ce cas de figure, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, met en garde depuis un bon bout de temps les pays sur ce phénomène de location des terres mais il est vrai qu'avec la crise financière, les alertes et les mises en garde de la FAO passent au second plan et pendant ce temps certains dirigeants d'Etats pauvres bradent, exproprient les terres de leurs pauvres concitoyens.