Que le gouvernement a pour préoccupation de prendre en charge les revendications des travailleurs, cela ne peut pas être mis en doute. Mais, la question ne se pose pas de savoir comment fera le pouvoir pour satisfaire ces revendications, mais à quel niveau de satisfaction parviendraient les négociations. Une autre question se pose. Comment évaluer les niveaux supérieurs des possibilités de l'Etat à donner entière satisfaction aux revendications des travailleurs et comment évaluer les niveaux planchers de la fixation par les travailleurs des accords financiers avec leur tutelle ? Si on a coutume de dire, que l'argent est le nerf de la guerre, on peut dire qu'aujourd'hui, le pouvoir d'achat est celui autour duquel s'articulent les nouvelles guerres sociales. Quels sont les facteurs déclenchant l'explosion ? C'est certainement une réponse à apporter par la prise en charge de la recommandation présidentielle qui consiste à prévenir et traiter les facteurs de mécontentement pour que ne survienne pas la crise. Il s'agirait donc d'agir en amont des crises. Aujourd'hui que les mouvements de grève se généralisent pratiquement, qu'ils risquent de ne pas concerner uniquement le corps de la fonction publique, il apparaît que les pouvoirs publics n'ont pas su communiquer, convaincre, et il apparaît également que la grève organisée, dans l'ampleur qui est la sienne, confère une quelconque représentativité aux syndicats qui l'ont encadrée, et donc une certaine légitimité. Peut-être faudrait-il alors reconsidérer les critères de représentativité des syndicats pour qu'un pacte social concerne tous les travailleurs et que s'établisse enfin une paix sociale, un apaisement notable sur le front social et que soit en conséquence durable la période de validité de la mobilisation de tous les efforts en vue de transformer le pacte social en pacte de croissance économique. En tout cas, bien que continue encore à être soutenue la thèse selon laquelle il y a eu une tripartite pour ce qui concerne le secteur économique et une bipartite pour ce qui concerne celui de la fonction publique, il s'avère que ce ne sont pas tous les travailleurs et ce ne sont pas tous les fonctionnaires qui s'étaient considérés comme représentés à ce dialogue. Il est vrai que dans tous les pays du monde, y compris surtout dans les pays dit développées, le pouvoir d'achat est toujours perçu comme ayant lourdement chuté, mais " comparaison n'est pas raison", et ce n'est pas parce que cela se passe également ailleurs qu'il faudrait faire l'économie d'une réflexion à la fois préventive et curative, c'est-à-dire, en somme, une thérapie qui ne soit pas exclusivement fondée sur une vision du refus.