Un million d'étudiants est appelé à rejoindre les amphis cette année au beau milieu d'un bras de fer Cnes-pouvoir qui semble aller vers le dénouement. Le syndicat des enseignants universitaires (Cnes) a ouvert, hier, ses journées de «l'université d'été» en présence des cadres syndicaux, des militants et des enseignants appelés à donner des conférences sur le bilan du parcours de cette organisation syndicale légale et à faire un état des lieux sur l'université algérienne. Parmi les politiques invités à cette manifestation, seuls deux partis politiques ont répondu à l'invitation, à savoir le Parti des travailleurs représenté par sa secrétaire générale Louisa Hanoune et le MSP représenté par son président Boudjerra Soltani qui ont eu à faire de brèves interventions. Dans son discours inaugural, le président du Cnes, Ali Boukaroua, connu pour ses positions modérées tout au long du «bras de fer» qui a opposé le corps des enseignants universitaires aux autorités publiques représentées par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a mis l'accent sur la nécessité de prendre en charge les doléances des enseignants qui aspirent à de meilleures conditions socioprofessionnelles pour un exercice efficient de leur noble métier. «Les autorités, dit-il, sont appelées à changer d'approche vis-à-vis des syndicats autonomes». Allusion faite «au recours systématique à la justice pour étouffer les revendications des syndicalistes». M.Boukaroua expliquera, en présence du conseiller du ministre de la tutelle, M.Saghour (représentant) que «ce procédé nourrit l'émergence d'extrémistes et d'opportunistes qui se servent de cette cause». Le premier responsable du Cnes voit dans le dynamisme de son organisation et bien d'autres mouvements syndicaux «une force de canalisation qui peut organiser les rapports pouvoir-partenaire social». A ce sujet, il appellera qui de droit, c'est-à-dire les autorités, à «l'ouverture d'un débat responsable». Mais avant d'en arriver là, il mettra en exergue «la nécessité de l'existence d'une volonté politique», pour résoudre les problèmes posés par les enseignants. M.Boukaroua relèvera aussi la volonté exprimée par la tutelle pour prendre en charge les revendications de la base, et ce, en laissant ouvertes les portes du dialogue, tout en notons au passage la convergence des autorités et de la société dans les efforts déployés en vue de sortir le pays de la situation de blocage actuel. Invité à prendre la parole, le représentant du ministre de l'Enseignement supérieur, M.Saghour a mis l'accent sur «la politique du dialogue adoptée par le ministère pour trouver des solutions adéquates aux problèmes posés dans un cadre responsable». Satisfait du discours apaisant développé par le Cnes, par la voix de son président, le conseiller du ministre a tenu à noter que «bien des étapes ont été franchies grâce au dialogue responsable» en promettant de satisfaire les revendications socioprofessionnelles soulevées par les enseignants. La grande bataille qui attend le ministère et l'ensemble de la famille des enseignants universitaires, a-t-il relevé, concerne la prise en charge d'un million d'étudiants qui sont appelés à rejoindre les amphis cette année. Un défi qui ne peut être relevé sans une prise en charge adéquate du corps enseignant. En marge de ce conclave marqué par l'absence d'une bonne frange de la composante du Cnes, à savoir ses figures rebelles qui viennent tout juste de voir les mesures de contrôle judiciaire décidées à leur encontre levées, des voix contradictoires ont tenu à s'exprimer à la sortie de la salle pour demander à «l'ensemble des enseignants de rejoindre le mouvement de grève entamé ensemble pour le terminer ensemble et sauvegarder l'union et la force du mouvement syndical qui est très près de satisfaire toutes ses revendications». Une polémique s'en suivit, accusant ces interventions «d'inopportunes» car allant à l'encontre du débat démocratique institué au sein des structures syndicales et qui menacent le Cnes de division. La réconciliation au sein du Cnes n'a pas encore lieu et rien n'indique que le mouvement de grève ne sera pas reconduit.