Le marché du ciment est soumis à de multiples pressions, ces dernières semaines. Pénuries, hausses des prix et prolifération des circuits informels ; ce sont autant d'indices qui accompagnent ces perturbations qui touchent ce produit de base du secteur du BTPH (bâtiment, hydraulique et travaux publics). De nombreux chefs d'entreprises de travaux publics haussent déjà le ton pour se plaindre de cette situation de crise. Contrairement aux années précédentes où le ciment ne commence à manquer que durant les périodes propices à l'accélération des travaux de bâtiment, à savoir durant les mois d'avril et mai, cette année la pénurie de ce produit semble commencer prématurément. Ainsi, que ce soit au centre, à l'est ou à l'ouest du pays, le prix du sac de ciment ne cesse d'augmenter, dépassant de loin le cap des 400 dinars le sac de 50 kg, voire 500 dinars, alors que le prix défini par les producteurs ne doivent dépasser les 340 dinars. Les prix pratiqués par les cimenteries publiques varient entre 210 DA le sac, à la cimenterie de Chlef, et 270 DA appliqué par celle de Sour El Ghozlane. L'usine appartenant au groupe Orascom, à savoir Algerian Cement Compagny (ACC), eu égard à la qualité supérieure de son produit, pratique quant à elle des prix plus élevés, oscillant entre 320 et 340 DA le sac. Pendant les pénuries, les bons d'achat sont carrément mis en vente à l'extérieur des usines à des prix faramineux. Au centre du pays, il est utile de mentionner que depuis quelques années, les perturbations sont accentuées au niveau de la cimenterie de Sour El Ghozlane où les pannes techniques sont devenues fréquentes. De l'avis des professionnels du secteur du bâtiment, la pénurie est sciemment provoquée par les barons de l'informel. En effet, en perspective de la reprise des travaux dans les chantiers, intervenant généralement à la fin de la saison hivernale, les spéculateurs tentent de créer une situation de tension pour provoquer des hausses de prix et ce, en mobilisant des capitaux importants pour acquérir d'énormes quantités de ciment au point que le produit devient introuvable sur la marché. Le ciment reste stocké jusqu'au moment où les prix atteignent leur niveau le plus élevé pour qu'il soit remis sur le marché. Ce scénario, qui est la conséquence de la prolifération de l'économie parallèle en Algérie, se reproduit chaque année en tout cas. En outre, il faut souligner qu'à l'instar des autres matériaux de construction, le ciment vient de connaître une véritable explosion ces dernières années avec la relance du secteur du bâtiment. En l'espace de quelques années les besoins nationaux de matière du ciment ont presque doublé pour dépasser le cap des 12 millions de tonnes annuellement. Ceci est dû, en premier lieu, à la relance, ces cinq dernières années, de nombreux chantiers qui étaient à l'arrêt durant les années 1990, le lancement du fameux programme d'un million de logements et de nombreuses nouvelles formules d'aide à l'habitat (AADL, LSP, habitat rural) ainsi que le lancement d'une multitude de projets d'équipements publics et d'infrastructures de bases. La production nationale peine toujours à satisfaire la demande. Outre les cimenteries publiques, le groupe Orascom a renforcé, depuis 2003, le marché national avec le lancement de son usine (ACC) à M'sila et qui produit quatre millions de tonnes annuelles.