Le potentiel hydrocarbures de l'Algérie reste peu connu, le sous-sol demeurant encore manifestement sous-exploré, si l'on compare l'activité d'exploration en Algérie avec d'autres régions avancées dans ce domaine. C'est ce qui ressort d'une réflexion mise en ligne par le ministère de l'Energie et des Mines. Ce qui a induit la nécessité d'adapter le cadre permettant une intensification de la recherche et de l'exploration d'hydrocarbures. Chose qui a été concrétisée grâce à la loi sur les hydrocarbures promulguée en 2005. Cela est devenu d'autant plus nécessaire que le paysage énergétique national a connu une évolution notable, ces deux dernières décennies. La consommation nationale d'énergie est passée de 6 millions de tonnes équivalent pétrole (M.TEP) en 1970 à environ 37,0 M.TEP. En termes unitaires, elle est passée de 0,3 TEP/habitant en 1970 à quelque 1,1 TEP/habitant en 2007, soit près d'un quadruplement en moins de 40 ans. La forte croissance observée des besoins en énergie, satisfaits essentiellement par les hydrocarbures, constitue une préoccupation majeure qui a conduit à l'adaptation de la politique énergétique nationale, par la mise en place de cadres et d'institutions destinés à répondre à de tels défis, dans le but d'assurer de façon durable, l'adéquation entre la demande et l'offre nationales. Des outils et des programmes ont été mis en œuvre, comme l'agence APRUE pour la maîtrise de l'énergie ou la société New Energy Algeria (NEAL) pour le développement des énergies renouvelables. L'objectif pour les prochaines décennies est de porter la part des énergies renouvelables à environ 10% de la production nationale d'électricité. C'est dans cette perspective que vient d'être lancé le premier projet d'une centrale hybride (gaz et solaire) utilisant la technologie thermo-solaire d'une capacité de 150 MW à Hassi R'Mel. En matière d'économie d'énergie, outre le programme de l'APRUE, des mesures ont été proposées visant à rationaliser la consommation par une politique tarifaire qui se veut fortement incitative, ou dissuasive notamment en ce qui concerne le gas-oil. La démarche s'inscrit dans un contexte pétrolier et énergétique mondial dont les tendances de longue durée marquées par une croissance économique soutenue et mieux répartie qui montre une résilience certaine, à limiter les effets de contagion. Aussi, malgré l'évolution des prix du pétrole, qui ont connu une augmentation régulière depuis 2003, l'expansion économique mondiale s'est poursuivie à un rythme élevé (près de 5% par an) ; ceci démontre la capacité de l'économie mondiale à absorber des prix "élevés" de l'énergie. Cette évolution a détruit le consensus dominant jusqu'alors, à savoir que toute forte augmentation du prix du pétrole provoquerait inévitablement une récession économique globale. Plus récemment, l'accélération de la croissance de la demande mondiale d'énergie a pris de court les producteurs dont l'industrie n'était pas préparée à un tel rythme d'expansion. Aussi, selon cette étude, il convient d'expliciter l'importance du gaz en Algérie ainsi que quelques caractéristiques spécifiques à cette industrie qui n'a cessé de gagner en importance à l'échelle mondiale. Compte tenu des perspectives de croissance de la demande sur le long terme pour cette source d'énergie, et notamment dans la région de la Méditerranée qui constitue le débouché naturel de notre gaz, l'Algérie s'est engagée dans de grands projets structurants, reconnus "d'intérêt régional prioritaire" par l'Union européenne. Ainsi, aux deux gazoducs reliant déjà l'Algérie à l'Espagne via le Maroc, et l'Algérie à l'Italie via la Tunisie dont la capacité a été accrue, vont s'ajouter deux autres ouvrages d'importance reliant directement notre pays à ces deux partenaires européens, que sont les projets MEDGAZ et GALSI d'une capacité combinée de 16 milliards de m3 par an, dont la mise en service est prévue respectivement fin 2009 et 2012. Au-delà, l'Algérie n'entend pas se cantonner dans un simple rôle de pourvoyeur d'énergie primaire. La politique de l'Algérie tend, à travers la Sonatrach, à créer sur ces principaux marchés les instruments de maximisation de valeur ajoutée à partir des ressources exportées, notamment par des formules de partenariat. Dans ce domaine, le secteur œuvre à renforcer les capacités de transformation, en liaison avec l'expansion prévisible de la production aux champs. Ainsi, concernant la liquéfaction du gaz naturel, la Sonatrach a lancé deux nouveaux projets : le premier d'une capacité de 4,5 millions de tonnes en remplacement de GL1K à Skikda et le deuxième à Arzew avec une capacité similaire dans le cadre du projet intégré de Gassi Touil. Le développement de cet ensemble d'infrastructures de transformation et de transport permettra de porter la capacité nationale d'exportation de gaz naturel à 85 milliards de m3/an en 2012, contre un volume exporté aujourd'hui de 62 milliards de m3 par an. Pour le GPL, la mise en exploitation de la nouvelle usine de séparation à Arzew, d'une capacité de plus de 3,0 millions de tonnes par an prévue pour 2010, permettra de porter les disponibilités à l'exportation à 10 millions de tonnes. Toujours dans le domaine des grands projets gaziers qui vont remodeler le paysage énergétique de la région, le Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP) devrait acheminer le gaz vers les marchés européens à partir du sud du Nigeria via le Niger et l'Algérie, puis une conduite sous-marine qui traversera la Méditerranée. D'une longueur d'environ 4 300 km, il devrait alimenter le marché européen à hauteur de 20 à 30 milliards de m3 par an vers 2015. Si le gaz détient une place de choix dans notre politique énergétique, il n'en reste pas moins que le pétrole continuera à jouer un rôle crucial, aussi bien dans l'approvisionnement énergétique du pays et notamment pour la satisfaction des besoins en croissance soutenue du secteur des transports à très long terme, qu'en tant que source de revenus d'exportation et de fiscalité pour l'économie nationale. Il convient à cet égard de rappeler la forte croissance qu'a connue la production nationale de pétrole qui est passée de 0,9 mb/j en 2000 à 1,4 mb/j aujourd'hui, dont un volume d'environ 1,2 mb/j est actuellement exporté. Aussi,la Sonatrach s'est lancée dans une stratégie d'optimisation de ses exportations pétrolières, par une adaptation aux évolutions des marchés. Les actions engagées sur le marché international comprennent notamment l'utilisation de navires de grande capacité type "VLCC" pour renforcer les ventes sur base CIF ; l'acquisition ou la location de capacités de stockage à l'international. A titre illustratif, des exercices de prospective portant sur des simulations de revenus d'exportation d'hydrocarbures sur le très long terme montrent que l'Algérie dispose suffisamment de pétrole et de gaz pour réaliser des recettes de 55 milliards $/an, jusqu'en 2040 en supposant que les prix restent à ce niveau.