La réalisation d'un centre pluridisciplinaire de rééducation fonctionnelle, spécialisé dans la prise en charge des myopathes et des patients atteints de maladies neuromusculaires, est nécessaire, selon des médecins spécialistes réunis samedi à Constantine. Selon le Pr Abderrahim Mezaham, neurologue au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Constantine, les fiches techniques de ce projet qui regroupera notamment des neurologues, des rééducateurs fonctionnels, des orthopédistes, des pneumo-phtisiologues, des cardiologues, des psychologues et des nutritionnistes sont "déjà prêtes" et n'attendent plus que le feu vert des autorités compétentes pour la concrétisation du projet sur le terrain. Intervenant à l'ouverture du séminaire de clôture du projet du Fonds d'Initiatives collectives de rencontres (FICR), organisé au palais de la culture Malek-Haddad à l'initiative de l'Association locale "Défi et Espoir" contre les myopathies (ADEM), le Pr Abdelmadjid Hamri, médecin-chef de service de neurologie au CHU de Constantine, a précisé que ce centre, qui n'exige pas d'équipements sophistiqués ou coûteux, est "nécessaire pour prendre en charge les malades". Il permettra, une fois réalisé, a-t-il ajouté, de "renforcer les efforts de prise en charge déployés par les professionnels locaux qui ont déjà acquis une certaine expérience dans le diagnostic précoce de cette pathologie". Le Pr Hamri a affirmé que les spécialistes en maladies neuromusculaires du CHU de Constantine effectuent depuis 7 ans des diagnostics et des dépistages anténataux et génétiques afin de mieux prendre en charge ces myopathies qui constituent un ensemble d'affections d'origine le plus souvent génétique, liées à une dégénérescence primitive ou secondaire du tissu musculaire. En Algérie, la prévalence de maladies neuromusculaire est de 50.000 malades neuromusculaires dont 5.000 myopathes environ, d'où la nécessité de créer une structure fonctionnelle à même de réduire les souffrances des concernés et de les aider à surmonter leur handicap au moyen d'une assistance psychologique et un traitement thérapeutique adéquats, spécialisés et pluridisciplinaires, a précisé le Pr Mezaham. Dans sa communication, le Dr Amina Sifi, médecin neurologue, a affirmé que la "dystrophie musculaire de Duchenne de Boulogne" est la forme de myopathie la plus répandue en Algérie. Elle est surtout fréquente chez l'enfant de sexe masculin. Il s'agit d'une maladie génétique de "transmission récessive, liée au sexe, dans laquelle l'enfant atteint présente, en général, peu de signes avant l'âge de trois ans, mais marche tard, tombe souvent, se réveille difficilement et présente, au fil des années, un déficit moteur progressif qui finit par limiter d'abord l'utilisation des membres supérieurs avant de dégénérer de manière plus grave encore nécessitant une prise en charge précoce, permanente, personnalisée et l'utilisation d'aides techniques restaurant la fonction motrice et préservant la communication", a assuré le Dr Sifi. De son côté, M. Ahmed Boucheloukh, président de l'association organisatrice, a indiqué que l'objectif de cette dernière est "de créer une synergie entre les différentes associations du territoire national afin d'unifier la méthodologie de travail pour lutter efficacement contre la maladie et améliorer la prise en charge des patients". Le président de l'ADEM a fait savoir qu'un projet a été initié en partenariat avec l'association française "Handicap International" présente en Algérie depuis neuf ans pour la création d'un réseau algérien d'associations autour de cette question.