Passer brutalement d'un modèle maîtrisé à un modèle encore inconnu du point de vue de la pratique, comporte des risques inévitables tels le démantèlement de ce qui reste encore de notre industrie. Transition vers l'économie de marché achevée ? Transition obligatoire et laborieuse car elle est abordée sur le plan pratique dans un contexte où déjà il est exigé de notre économie qu'elle fonctionne comme si elle était capable de court-circuiter toutes les phases d'adaptation Si on entre dans l'adoption du système libéral, et si on se réfère aux pays qui ont assez avancé dans le libéralisme économique, on constate que fatalement le secteur privé est appelé à être progressivement dominant dans le secteur de la concurrence, ou plutôt dans les secteurs qui ne sont pas de caractère stratégique, c'est-à-dire ceux qui seront ouverts à la concurrence et donc aux privatisations. Il n'est pas dans les normes du libéralisme que l'Etat se laisse aller à gérer directement les entreprises, à les posséder dans un contexte où la libéralisation impose un certain désengagement de l'Etat pour lui voir jouer le rôle de garant. Quand bien même il est soutenu par certains que la phase de transition est terminée, faisant une confusion délibérée entre la politique et l'économie, il n'en demeure pas moins que nous sommes en plein dans le processus de transition de l'économie et que particulièrement les chefs d'entreprise réunis dans le Forum veulent entamer avec les pouvoirs publics un vraie transaction économique. C'est peut-être à ce niveau que réside le défaut de la transition économique, c'est-à-dire que cela n'avait pas procédé d'une transaction entre pouvoirs publics, et opérateurs économiques. Pas de transaction, donc pas de concertation et fatalement unilatéralisme des pouvoirs publics ce qui est mis à l'index actuellement. En tout cas, il n'est pas trop tard que s'engage un processus de transaction du moment que l'Algérie s'offre maintenant une pause qui ne dit pas son nom, ou plutôt entame les démarches devant amener les corrections nécessitées par le constat que les IDE ne sont pas venus conformément aux attentes, que ce sont les importations qui ont fait un boom, que les transferts des dividendes à l'étranger sont trop importants par rapport aux prévisions, car inférieures même à la rentrée des IDE. L'inadaptation coûteuse a résulté de la difficulté par temps de socialisme à prévoir l'effondrement de ce système et son remplacement par le libéralisme économique . Difficile, au moment de la mise en œuvre des réformes, de prévoir que les grandes puissances économiques n'allaient pas tenir leurs promesses, celles de venir investir chez nous dans le cas où on procède à des réformes. Nous avions consenti à prendre des mesures douloureuses telles les fermetures d'entreprises, les licenciements massifs, et même l'UGTA s'est retrouvée à se contredire, passant de la défense du secteur public à l'acceptation de la fermeture et de la privatisation des entreprises pour s'adapter aux exigences du changement de doctrine. Cela ne signifie pas un recul sur les réformes, une tentative à retourner vers l'ancien système qui n'existe plus d'ailleurs, cela pour dire que ce type de retour est impossible, mais nous sommes dans une phase où il nous faudrait regarder quelque peu en arrière pour réévaluer le chemin parcouru et y déceler les éventuelles failles qui ont altéré les résultats obtenus par rapport à ce qui était attendu.