Depuis quelques années, l'Union européenne accompagne l'Algérie dans ses réformes multisectorielles, engagées dans le cadre d'un processus de développement politique, économique et social. Vivant encore la phase de la transition vers une économie de marché, notre pays continue de tirer profit de sa coopération avec l'UE. Les changements structurels que subit l'économie nationale, imposés par cette inévitable étape, ont poussé les dirigeants du pays à arrêter un certain nombre d'objectifs d'un commun accord avec leurs homologues européens. Il s'agit en fait d'une assistance européenne pour mener à bien les réformes économiques et renforcer les institutions selon le modèle d'une économie de marché. La formation des ressources humaines, la consolidation d'un Etat de droit et la bonne gouvernance sont autant de projets envisagés également par l'Algérie dans le cadre de cette coopération. L'ensemble des programmes bilatéraux de l'UE en cours, abstraction faite de ceux des Etats membres, sont, faut-il le préciser, évalués à plus de 500 millions d'euros. La délégation de la Commission européenne à Alger vient, à ce propos, d'établir son rapport annuel de 2008. Trois principaux volets ont été dégagés conjointement. Le premier traite de l'appui à la transition économique et au commerce. Un programme d'appui à la restructuration industrielle et à la privatisation a été aussitôt lancé. À travers cette opération, l'Etat a voulu améliorer le processus de privatisation et moderniser l'administration du secteur industriel. L'idée est de fournir une expertise et des moyens aux principaux organes chargés de la privatisation en Algérie. Le programme a contribué au renforcement du cadre institutionnel et environnemental de la politique industrielle. L'UE a apporté ainsi sa contribution dans des actions-pilotes pour la privatisation majoritaire, efficace et transparente d'au moins 80 entreprises publiques y compris des cas de liquidation ou de concession. Privatisation majoritaire, efficace et transparente de 80 entreprises publiques La modernisation et l'assistance aux réformes administratives constituent un autre programme d'une enveloppe de 25 millions d'euros qui vise à améliorer l'efficacité des administrations algériennes à travers deux composantes ciblant d'une part, le ministère des Finances et, d'autre part, la réglementation en matière d'activité commerciale avec plusieurs bénéficiaires. Cette démarche a permis la rédaction d'une nouvelle loi domaniale, la révision du code des douanes. L'aide de l'UE a concerné aussi le système de contingents, liés à l'accord d'association, les luttes contre la fraude et la contrefaçon. Le programme, qui a démarré en janvier 2005, et qui s'est achevé en octobre 2008, a mis en œuvre le système informatisé de la gestion fiscale et renforcer la formation à l'Ecole nationale des impôts. Sur un autre registre, les enjeux économiques et sociaux auxquels fait face notre pays a nécessité, une vision à moyen et long terme, fondée sur “des outils d'analyse économique, des structures et des ressources humaines adaptées dont les décideurs sont actuellement insuffisamment pourvus”, lit-on dans le rapport de la délégation. Ce qui a poussé la Commission européenne de proposer un programme qui aura pour but la mise en place d'un management de l'économie. Celui-ci vise à améliorer l'information économique et contribuer à faciliter la prise de décision en matière de conception et de mise en œuvre de politiques macro-économiques, sectorielles et régionales. Il est donc question de “développer le système de collecte, d'analyse et de modernisation des données statistiques afin de rendre l'information économique plus fiable et utilisable par les décideurs”, note le rapport. C'est ainsi que les missions de planification, de prospective et de vulgarisation de l'information économique ont été améliorées au sein du CGPP (Commissariat général au plan et à la prospective). Le système national d'information statistique (Snis) géré par l'ONS (Office national des statistiques) a été en outre amélioré. Mieux, le département chargé de l'analyse et de la modélisation au ministère des Finances est devenu opérationnel alors la modernisation du ministère des Travaux publics a été engagée et mise en œuvre comme cas d'école. De par l'importance du secteur du commerce dans le modèle d'économie de marché, la signature de l'accord d'association avec l'UE et la future adhésion à l'OMC, la Commission européenne a jugé utile d'apporter son soutien dans des aspects bien précis. Son partenariat avec le ministère du Commerce a donné lieu à un programme d'appui à la facilitation du commerce. Celui-ci vise à “faciliter le processus de libéralisation de l'économie nationale et accroître son intégration dans l'économie de marché en renforçant les capacités du ministère, de ses organismes associés et des ses principaux partenaires”, explique-t-on dans le document. Le but recherché est de renforcer les capacités de négociation et de mise en application des accords commerciaux passés dans le cadre régional ou multilatéral. La commission fournira, dans ce sens, une assistance au ministère du Commerce pour le suivi, l'évaluation et la vulgarisation des accords commerciaux. La protection et la sécurité des consommateurs est également un autre objectif tracé. Pour cela, il est envisagé la mise en place d'un réseau d'alerte et le développement d'un système de prévention des risques liés à la consommation. D'autres aspects ayant trait aux mécanismes de contrôle pour la lutte contre le commerce informel, la contrefaçon et les pratiques commerciales anticoncurrentielles ont été encore pris en compte. 57 millions d'euros pour augmenter la rentabilité des PME-PMI L'année 2008 a été consacrée à l'installation de l'unité d'appui au programme (Uap) composée de 5 experts. Les organismes tels que l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur, le centre algérien de contrôle de la qualité et de l'emballage (Cacque) ont bénéficié du soutien de la commission. La PME-PMI est un autre secteur qui a suscité l'intérêt des deux partenaires. Une enveloppe de 57 millions d'euros a été dégagée dans le but d'augmenter la rentabilité du plus grand nombre de PME-PMI. Les actions entreprises ont ciblé la mise à niveau des PME à travers l'assistance technique et la formation. Il est aussi question d'un appui aux institutions financières pour établir un fonds de garantie. Résultats : le projet a réussi à mettre à niveau environ 450 PME alors que de nombreuses autres ont participé à des formations. Le chiffre d'affaires et le taux d'encadrement supérieur au sein de ces sociétés a connu une croissance de 10% et 300%. La certification qualité (Iso 9000, Iso 14 000) certification CE a concerné 17% des PME. Et pour améliorer la compétitivité de ces PME, en vue de reconquérir le marché national et se placer à l'international, un autre programme d'appui lié à la maîtrise des technologies d'information et de communication, d'un montant de 40 millions d'euros, vient d'être lancé. Le deuxième volet de cette coopération aborde les domaines des infrastructures dans les secteurs des transports, l'eau et l'énergie. Croissance de 10% et 300% du chiffre d'affaires des PME ciblées Le programme réservé aux transports a pour finalité de mettre à la disposition de l'administration concernée des instruments et des systèmes de gestion efficaces permettant une meilleure libéralisation de ce secteur. Durant l'année 2008, 17 activités ont été lancées. L'on peut citer l'actualisation du plan national des transports, avec une étude générale de tarification et la mise en place d'un système d'information. Une étude est également engagée pour réorganiser les réseaux de transport urbain dans l'agglomération d'Alger. Outre la mise en place de guichets uniques dans trois ports-pilotes, il a été procédé aussi à l'actualisation des lois-cadres du secteur et la mise en œuvre des réformes du groupe ferroviaire… Un montant de 20 millions d'euros a été réservé par ailleurs au secteur des ressources en eau. L'objectif principal de ce programme est de contribuer à la satisfaction durable de la demande en eau potable. Depuis le début opérationnel du programme en janvier 2007, 17 activités ont été lancées. Six contrats sur le financement de la Commission européenne en août 2008 ont été signés. À la date limite pour contractualiser, 18,9 millions d'euros avaient été engagés sur le total de 19,45 millions d'euros de contribution de la Commission européenne. Les six contrats en exécution concernent l'actualisation du plan national de l'eau, la mise en place de systèmes d'information, l'équipement de 4 laboratoires d'analyses de micropolluants et physicochimiques. Réhabilitation difficile des zones affectées par le terrorisme ! Le troisième volet de ce partenariat aborde les développements rural et local. L'assistance de l'UE dans ce sens traite essentiellement le développement socioéconomique local dans le nord-est du pays. L'objectif assigné à ce dossier est l'amélioration du niveau et de la qualité de vie des populations habitant les zones rurales pauvres de cette région ciblée. Ce qui va encourager les habitants à se stabiliser dans ces localités. La contribution de l'UE dans ce cadre est estimée à 50 millions d'euros. Les deux parties se sont mises d'accord pour enclencher un processus autonome de développement local durable dans un territoire particulièrement défavorisé de 50 communes réparties sur 6 wilayas du nord-est de l'Algérie. Un autre programme visant à réhabiliter les zones affectées par le terrorisme dans 6 wilayas du nord-est du pays d'un financement de 30 millions d'euros a été en outre décidé. Une soixantaine de communes ont été ciblées dans les wilayas de Mascara, Relizane, Tiaret, Tissemsilt, Chlef et Aïn Defla. La mise en œuvre du programme était assurée au sein des wilayas par une cellule opérationnelle du programme (Cop) désignée par le wali. Cependant, “pour des raisons diverses, le programme n'a pu déboucher que sur une très faible réalisation. Des contrats ont été signés pour des travaux et des appuis à des activités génératrices de revenu. En 2008, le programme est dans sa phase de clôture avec le lancement d'un audit de quelque 129 contrats validés par les walis”, relève-t-on dans le rapport de la commission.