Des explosions ont fait 24 morts alors que les Irakiens se rendaient aux urnes pour des élections législatives à valeur de test pour l'avenir du pays, que les insurgés islamistes ont promis de saboter. Tirs de mortier et explosions ont retenti dans la capitale dès après l'ouverture des bureaux de vote à 07h00 (04h00 GMT) et dans les villes à majorité sunnite. Ces législatives, les secondes depuis l'invasion de mars 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein, testeront la capacité de résistance de la jeune démocratie irakienne face aux conflits ethniques et religieux et à l'insurrection armée. Elles représentent aussi un enjeu majeur pour les Etats-Unis qui prévoient de réduire de moitié leurs effectifs militaires dans le pays au cours des cinq prochains mois et d'en retirer toutes leurs troupes d'ici la fin 2011. Les deux explosions les plus meurtrières ont fait douze et quatre victimes à Bagdad et détruit des bâtiments résidentiels. Un tir de roquette Katioucha a aussi fait quatre morts ailleurs dans la capitale. Dans le pays, le bilan est pour l'heure de 24 tués et 65 blessés. La plupart des obus de mortier et des roquettes tirés à Bagdad l'ont été de quartiers à majorité sunnites, a dit le porte-parole de la sécurité, le général Kassim al Moussaoui. "Nous sommes en état de combat. Nous opérons sur le terrain et nos combattants s'attendent au pire", a-t-il dit. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h00 et fermeront à 17h00 (14h00 GMT). Quelque 18,9 millions d'électeurs inscrits, sur une population de 30 millions d'habitants, devront choisir entre 6.200 candidats appartenant à 86 formations politiques pour les 325 sièges du Conseil des représentants. Il semble impossible de prédire le visage du futur gouvernement irakien. Il avait fallu cinq mois aux différentes alliances pour parvenir à la constitution d'un cabinet après les législatives de 2005. Le Premier ministre Nouri al Maliki a invité l'ensemble des candidats à accepter les résultats quoi qu'il advienne. "Celui qui gagne aujourd'hui pourrait perdre demain et celui qui perd aujourd'hui pourrait gagner demain", a-t-il dit après avoir déposé son bulletin dans la "zone verte" ultrasécurisée. Ce chiite conduit l'alliance non confessionnelle de l'Etat de droit (EDD) et espère recueillir, comme lors des régionales de l'an dernier, les fruits du recul de l'insécurité depuis le pic de violences interreligieuses des années 2006-2007. L'EDD affrontera l'Alliance nationale irakienne (ANI), principale coalition à dominante chiite, qui réunit le Conseil suprême islamique irakien (CSII), le plus puissant parti de cette communauté religieuse majoritaire en Irak, et les militants anti-américains fidèles à l'imam radical Moktada Sadr. "Aujourd'hui est le jour où les Irakiens prennent la parole tandis que les autres gardent le silence", a dit le chef du CSII, Ammar al Hakim, après avoir voté. De Téhéran, Sadr a appelé à voter pour "libérer" le pays de "l'occupation" américaine (plus de détails: ). Comme une autre alliance laïque, Unité de l'Irak (UDI), l'alliance Irakia a souffert de la décision d'interdire 400 candidats accusés de liens avec l'ancien parti Baas de Saddam Hussein, mais elle devrait néanmoins réaliser un bon score. "Nous devons voir la volonté du peuple irakien s'exercer pleinement lors de cette élection. Sinon, l'Irak plongera à nouveau dans de graves violences", a déclaré Allaoui à la fin de sa campagne. Les Kurdes, qui jouent le rôle d'arbitre au parlement de Bagdad depuis l'invasion américaine de 2003, sont représentés essentiellement par les deux mouvements nationalistes rivaux qui contrôlent le Kurdistan autonome (Parti démocratique du Kurdistan, PDK et Union patriotique du Kurdistan, UPK).