37 personnes, dont 30 civils et 6 policiers, ont été tuées et une centaine de blessées à travers l'Irak à la clôture des bureaux de vote. Les insurgés qui combattent les forces américaines en Irak, ont promis un bain de sang pour cette journée électorale. Il a eu lieu mais les élections ont été une réussite au vu du taux de participation très élevé. 72% de l'électorat inscrit a voté, notamment l'électorat chiite, majoritaire, et kurde. 37 personnes, dont 30 civils et 6 policiers, ont été tuées et une centaine de blessés à travers l'Irak à la clôture des bureaux de vote hier, à 17 h locales. Le bilan a été avancé par le ministre de l'Intérieur irakien, Falah Al-Nakib, qui a également annoncé l'arrestation de 29 suspects. Il s'agit de 26 Irakiens et 3 Egyptiens. Ce bilan macabre a été minimisé par le ministre de l'Intérieur qui a souligné que les attaques ont été «moins du dixième de ce qui était attendu» ajoutant que «toutes ces attaques ont échoué». La plupart des attentats contre les bureaux de vote ont été revendiqués par le groupe armé d'Abou Moussab Zarkaoui qui a affirmé avoir «gâché les noces» électorales irakiennes par des attaques, menées par treize kamikazes, visant des bureaux de vote et la «zone verte» à Bagdad. «Nous leur avons asséné des frappes douloureuses», affirme le document. «Jusqu'à la publication de ce communiqué, treize lions de la brigade des martyrs de l'Organisation Al Qaîda au pays du Rafidaïn (Mésopotamie) ont attaqué les centres de l'infidélité dans diverses régions de l'Irak», poursuit le texte, diffusé sur un site islamiste. Dès l'ouverture des bureaux de vote, plusieurs attaques se sont produites malgré des mesures de sécurité draconiennes. Ainsi, les premières élections générales irakiennes ont été émaillées de violences, des bureaux de vote étant notamment la cible de kamikazes, comme promis par la résistance. Si les incidents sont rares au Kurdistan et dans le Sud chiite, le pays sunnite, Bagdad comprise, subit une série de tirs de mortier et d'attentats-suicide. La fête des Kurdes et des chiites Les bureaux de vote étaient presque déserts durant la matinée d'hier, dans les régions sunnites d'Irak, où la principale association religieuse de cette communauté a appelé au boycott du scrutin et où la guérilla a menacé de mort ceux qui y participent. En revanche, au Kurdistan et dans le Sud chiite, les incidents étaient limités et la participation importante. Toujours durant les premières heures, aucune activité électorale n'était visible à Falloujah, Ramadi et Samarra, trois bastions sunnites à l'ouest et au nord de Bagdad. De même, dans la ville de Mossoul (nord), où réside une forte communauté sunnite, les rues étaient désertes et les bureaux de vote vides. Tikrit, fief du président déchu Saddam Hussein, était hier, une ville fantôme. Seuls les employés et les policiers étaient présents alors que des hélicoptères américains survolaient la ville, située à 180 km au nord de Bagdad. Très peu d'électeurs se sont présentés aux bureaux de vote à Bakouba, à 60 km au nord de la capitale. A Kirkouk, des mortiers ont été tirés sur la base américaine, provoquant une alerte juste avant le début du scrutin. Alors que le pays sunnite était déserté et ensanglanté, les zones kurdes et chiites s'en donnaient à coeur joie à ce rendez-vous qu'elles considèrent historique. Les habitants se sont massivement rendus aux urnes. Des milliers d'électeurs chiites se pressaient devant les bureaux de vote dans la matinée, comme dans la ville sainte de Nadjaf, à 160 km au sud de Bagdad. Le même espoir est affiché dans les régions kurdes. Ils se pressent par centaines devant les différents bureaux de vote de Souleimaniyah, dans le nord de l'Irak. Ainsi, hormis la minorité arabe sunnite, déchirée entre de multiples factions, terrorisée par les jihadistes du groupe Al-Zarkaoui et les réseaux baathistes, chaque communauté s'est préparée activement au scrutin dans l'espoir de pouvoir peser sur les décisions liant l'avenir du pays pour plusieurs générations. Une ONG indépendante irakienne qui a déployé 10.000 observateurs à travers le pays, a assuré avant la fin du vote que le scrutin n'a connu que «très peu de fraudes». Le même constat a été fait par le représentant de l'ONU auprès de la commission électorale irakienne qui a indiqué que la participation au scrutin a dépassé les prévisions et que les électeurs se pressaient pour voter. Mais ce chiffre exceptionnel doit être tempéré par le fait que beaucoup d'électeurs sunnites ont boudé la consultation et ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. Saddam n'a pas voté Le président déchu, Saddam Hussein, qui est en droit de voter, n'a pas été aux urnes. De même que ses lieutenants détenus en Irak, Saddam n'a pas eu l'occasion d'accomplir ce devoir pour des raisons de logistique, a affirmé le président de la commission électorale irakienne. «Juridiquement, le président irakien déchu, Saddam Hussein, et ses lieutenants, ont le droit de voter du moment qu'ils n'ont pas encore été jugés (...)». Mais ils «ne pourront pas» exercer leur droit de vote en l'absence «de bureaux de vote mobiles», a déclaré Abdel Hussein Al-Hindaoui.