Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, est attendu, à Paris, le 5 avril prochain. Au cours de cette visite, M. Khelil aura notamment des entretiens avec le ministre français de l'Economie, Thierry Breton. Selon notre confrère Le Quotidien d'Oran qui a rapporté l'information, dans son édition d'hier, l'installation de Sonatrach sur le marché français de la distribution du gaz sera au cœur de ce déplacement. En effet, dans le cadre de sa stratégie de développement, Sonatrach veut aller vers l'aval. Une stratégie qui consiste à ne plus vendre que le produit brut, mais également à prendre part au marché de la distribution notamment du gaz naturel. Sonatrach est déjà entrée sur le marché gazier de gros en Grande-Bretagne. Elle va distribuer et commercialiser directement du gaz en Espagne et en Italie où une société de commercialisation est en cours de création pour vendre la part qui lui revient dans le cadre du gazoduc Galsi. Enfin, Sonatrach veut créer une société de commercialisation en France. Une éventualité, qui est devenue plus que probable, avec l'accord qui a permis à Sonatrach de réserver une capacité d'un milliard de m3 de gaz dans le terminal de Montoir. L'Algérie table sur une augmentation importante des exportations de gaz algérien vers l'Europe après la mise en service du gazoduc Medgaz. Il est donc légitime, qu'à quelques mois de l'ouverture complète des marchés européens de l'énergie à la concurrence, Sonatrach puisse avoir des vues sur ces marchés du gaz en tant que distributeur. L'intérêt de vendre en direct du gaz en Europe est de capter la plus-value de l'aval. Pour la France, Sonatrach reste l'un de ses principaux fournisseurs de gaz. Après la Norvège et la Russie, l'Algérie arrive en troisième place en assurant 14,8 % des approvisionnements français. Après la reconduction, fin 2006, des accords gaziers à long terme avec Gaz de France, Sonatrach ambitionne de distribuer une partie du gaz transporté par le futur gazoduc Medgaz qui reliera directement l'Algérie à l'Espagne, à partir de 2009. En plus de la coopération entre Gaz de France et Sonatrach qui sera abordée lors de la visite du ministre de l'Energie, la question de la création d'une Opep du gaz s'invitera sans doute au débat. La perspective que la réunion des pays producteurs à Doha au Qatar, prévue le 9 avril, puisse déboucher sur l'annonce de la naissance de ce cartel, inquiète la France qui redoute des conséquences sur le prix du gaz. Cette visite en France sera, ainsi, l'occasion pour M. Khelil d'exposer le point de vue de l'Algérie sur la question. Un point de vue qu'il a déjà exprimé à maintes reprises. La dernière en date, c'était mercredi alors qu'il était l'invité du club Excellence Management du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Le ministre a expliqué que la peur des importateurs quant à leurs approvisionnements est infondée, précisant que l'Algérie a toujours respecté ses engagements en assurant, dans les pires moments de son existence, l'approvisionnement du continent européen, notamment en gaz naturel.