Selon Econostrum qui se réfère au rapport des Amis de la Terre et de la coalition Counter Balance, "les populations des pays en développement ne bénéficient pas des milliards d'euros prêtés chaque année par la BEI " (Banque européenne d'investissement). Les auteurs demandent que "l'argent européen pour le développement ne passe plus par la BEI et s'opposent à la création d'une nouvelle Banque européenne pour le développement issue de la BEI". Publié jeudi 25 février 2010, le document s'intitule " Dans l'intérêt des multinationales plus que du développement : pourquoi l'action de la BEI hors de l'UE est un échec ". Se basant sur "de nombreux projets désastreux" financés par la BEI dans les pays en développement, le rapport explique l'échec de l'activité de la BEI hors de l'UE notamment par "l'incompatibilité entre différents mandats de la Banque qui rend sa mission pratiquement impossible" et le "manque de compétences de l'institution, qui n'a ni le personnel, ni la culture interne, ni les procédures pour mettre en œuvre un travail sérieux sur le développement". Alex Wilks, consultant et auteur du rapport, estime que la BEI "se contente d'un modèle archaïque basé sur des prêts à de grosses multinationales, des soutiens aux industries extractives et aux énergies fossiles, ou des lignes de crédits totalement opaques à des intermédiaires financiers. Elle manque totalement d'expertise environnementale et sociale et n'est pas compétente pour intervenir dans les pays en développement." Selon Desislava Stoyanova, coordinatrice de la coalition Counter Balance, "la Banque n'est pas capable d'opérer des changements assez profonds pour devenir pertinente en matière de développement. Elle ne devrait plus être impliquée dans ce domaine". Les ONG demandent que l'argent européen soit "redirigé vers des institutions existantes autres que la BEI, notamment les institutions liées aux Nations Unies". Dans ses recommandations, la coalition préconise notamment de privilégier les prêts à la région ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), d'identifier des objectifs en lien avec ceux de l'UE, de limiter les sommes prêtées à 2 mds€ pour la période 2011-2013, et de ne plus financer les projets liés aux énergies fossiles ni à l'adaptation aux changements climatiques. Notons qu'en 2009, la Banque européenne d'investissement (BEI) a consacré une enveloppe de 79 mds d'euros à des prêts, soit une hausse de 37% par rapport à l'année 2008 (58 mds d'auros). Sur ces 70 mds d'euros, quelque 9 mds€ ont été apporté comme soutien financier à des pays non membres de l'Union européenne.