La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a appelé vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour condamner son attitude "profondément négative" envers Washington, employant des mots très durs envers le principal allié des Etats-Unis au Proche-Orient. Mme Clinton, "irritée" d'un nouveau coup dur pour le processus de paix, a signifié à son interlocuteur que l'annonce de nouvelles constructions juives à Jérusalem-Est était "un signal profondément négatif quant à l'approche par Israël de la relation bilatérale". Le ministère israélien de l'Intérieur avait annoncé cette semaine, en pleine visite de M. Biden, un projet de construction de 1.600 nouveaux logements dans un quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem-Est, suscitant un vaste mouvement de réprobation, y compris à l'intérieur d'Israël. La chef de la diplomatie américaine "a dit ne pas comprendre comment ceci avait pu se produire, en particulier sachant le grand intérêt des Etats-Unis pour la sécurité d'Israël", a rapporté son porte-parole, Philip Crowley. La dureté du ton employé par Hillary Clinton est pratiquement sans précédent dans les relations entre Israël et les Etats-Unis. M. Biden avait déjà dit "condamner" l'initiative d'Israël, employant là encore un terme presque inédit entre les deux proches alliés. Washington redoute que les négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens, que les Etats-Unis ont travaillé à mettre sur pied depuis des mois, soient mort-nées du fait de cette annonce. Alors que le président palestinien Mahmoud Abbas exclut désormais la poursuite de ce dialogue par Etats-Unis interposés sans une annulation des annonces israéliennes, Hillary Clinton a redit à M. Netanyahu que son initiative "affaiblissait la confiance dans le processus de paix" embourbé depuis 15 mois. "Elle a dit très clairement que le gouvernement israélien devait montrer non seulement par des mots, mais aussi par des actes précis, qu'il était engagé envers la relation (avec les Etats-Unis) et le processus de paix", a insisté M. Crowley. En tant que chef du gouvernement, M. Netanyahu "est responsable en dernier ressort des actes de ce gouvernement", a souligné Philip Crowley, prenant soin de souligner que Washington était mécontent du contenu de l'annonce, pas seulement de son moment. Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, ONU, Union européenne) a, par ailleurs, condamné à son tour Israël pour la décision d'autoriser de nouvelles constructions. "Le Quartette est convenu de surveiller de près les développements à Jérusalem et se réserve la possibilité de prendre toute mesure supplémentaire que la situation sur le terrain pourrait requérir", ajoute dans un communiqué le groupe, qui doit se réunir le 19 mars à Moscou en présence de Mme Clinton. Pour sa part, l'Union européenne a exhorté hier Israël à œuvrer en faveur d'une relance immédiate des négociations de paix avec les Palestiniens, mettant en garde contre un échec définitif des efforts de réconciliation si l'impasse perdure. 'Je suis très préoccupée', par l'annonce cette semaine du ministère israélien de l'intérieur d'un projet de construction de 1 600 nouveaux logements dans un quartier de Jérusalem-est, a déclaré la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, qui se rend à partir d'aujourd'hui dans la région, en marge d'une réunion avec plusieurs ministres européens des affaires étrangères à Sarriselkä, dans le nord de la Finlande. Mme Ashton a appelé le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à 'faire preuve de leadership' dans son pays en faisant progresser les efforts de paix, pour pouvoir régler notamment la question de la colonisation juive. 'Nous avons besoin d'un accord négocié de paix, il doit arriver rapidement, maintenant', a-t-elle ajouté. La présidence espagnole de l'UE s'est montrée également inquiète. 'Jusqu'à présent, il n'est pas trop tard, mais si nous attendons encore plus de deux ans il sera trop tard car il n'y aura plus d'objet à négocier, plus de territoire', du fait de la progression des colonies juives en Cisjordanie, a estimé le ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Notons que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a accusé vendredi Israël d'entraver la reprise des pourparlers indirects sous l'égide des Etats-Unis, convenue en début de semaine entre les deux parties. "Ces pourparlers devaient commencer rapidement, mais les mesures prises récemment par Israël en matière de colonisation ont entravé ce qui était prévu", a déploré le dirigeant palestinien à l'issue d'une entrevue avec le président Zine el Abidine ben Ali à Tunis.