La crise larvée entre l'Administration Obama et le gouvernement Netanyahu a été quasi permanente, à l'image de l'émissaire spécial George Mitchell, qui a annulé des entretiens en Europe prévus avec le Premier ministre israélien, après avoir déclaré qu'une telle rencontre était inutile au regard de l'inflexibilité du gouvernement israélien sur la question du gel de la colonisation, clé de la relance du processus de paix. Après le vice-président américain Joe Biden qui a “condamné” l'attitude de l'Etat hébreu et son projet immobilier à Jérusalem-Est, au cours de sa visite dans la région, c'est au tour de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton d'interpeller le Premier ministre Benjamin Netanyahu, usant de termes crus et évoquant une détérioration des relations bilatérales. Elle l'a appelé au téléphone vendredi pour lui reprocher durement le comportement de son gouvernement, “profondément négatif” envers Washington. Visiblement très irritée, elle a signifié au Premier ministre que l'annonce de nouvelles constructions juives à Jérusalem-Est était “un signal profondément négatif quant à l'approche par Israël de la relation bilatérale”. Elle a ainsi tancé son interlocuteur à propos de l'initiative du ministre israélien de l'Intérieur “contraire à l'esprit du voyage de vice-président” Joe Biden. Elle s'est dite étonnée et révoltée que cela ait “pu se produire, en particulier sachant le grand intérêt des Etats-Unis pour Israël”. Joe Biden, mais surtout Hillary Clinton ont tous deux usé d'un vocabulaire particulièrement sévère et quasiment inédit dans les relations entre les deux alliés. Ces relations se sont avérées difficiles dès l'investiture, le 1er avril 2009, du gouvernement Netanyahu dans lequel l'extrême droite et les ultraconservateurs figurent en bonne place avec des portefeuilles sensibles et stratégiques comme celui de l'Intérieur, à qui échoit la gestion des colonies, et celui des Affaires étrangères. On se rappelle le premier voyage de Benjamin Netanyahu et son tête-à-tête avec Barack Obama, qui a tourné au dialogue de sourds, le Premier ministre israélien évoquant la menace nucléaire iranienne quand le président américain lui demandait de geler la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. On se souvient aussi de l'image d'Hillary Clinton raccompagnant son homologue israélien Avigdor Lieberman sur le perron de son bureau, le visage fermé, sans l'esquisse du moindre sourire, visiblement agacée par la présence de son encombrant interlocuteur. La crise larvée entre l'Administration Obama et le gouvernement Netanyahu a été quasi permanente, à l'image de l'émissaire spécial George Mitchell, qui a annulé des entretiens en Europe prévus avec le Premier ministre israélien, après avoir déclaré qu'une telle rencontre était inutile au regard de l'inflexibilité du gouvernement israélien sur la question du gel de la colonisation, clé de la relance du processus de paix. L'envoyé spécial de Barack Obama a même envisagé de renoncer à sa mission, devenue impossible avec le manque d'entrain manifeste de l'Etat hébreu à coopérer. Entre-temps, l'Administration Obama a reculé, renonçant au gel total de la colonisation comme préalable à la reprise des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne, au grand dam de cette dernière. Après plusieurs mois de travail souterrain assidu, les Américains ont toutefois réussi à arracher le principe de négociations indirectes, avec George Mitchell comme intermédiaire. La visite du vice-président Joe Biden en Israël et en Cisjordanie était censée officialiser l'accord des deux parties pour donner le coup d'envoi des négociations indirectes dès cette semaine, à l'occasion de la venue attendue de l'envoyé spécial de Barack Obama. L'attitude du gouvernement israélien, qui a affiché avec ostentation sa volonté de continuer la colonisation de Jérusalem-Est, apparaît alors non seulement comme un coup de poignard porté aux tentatives de relance du processus de paix, mais aussi comme un camouflet attentatoire à la personne du vice-président américain en particulier et à l'Administration Obama en général. Les regrets très calculés exprimés par Netanyahu ne semblent pas avoir réussi à calmer l'irritation des Américains. C'est que, cette fois, l'Etat hébreu ne s'est pas suffi d'agresser la dignité du peuple palestinien et son droit à un Etat libre et souverain sur ses terres ; il a éclabousse l'orgueil de son tout-puissant allié américain. Et cela, bien sûr, est inacceptable pour Washington.