Les appels étrangers en faveur d'une appréciation du yuan sont inutiles et relèvent même d'une forme de protectionnisme, a déclaré hier le Premier ministre chinois Wen Jiabao. Wen n'a accordé aucun crédit à la polémique sur la politique monétaire qui altère la relation entre Pékin et Washington. "Nous sommes opposés à la pratique des récriminations mutuelles. La pression extérieure est inutile à la réforme du taux de change du yuan", a dit Wen lors d'une conférence de presse au dernier jour de la session parlementaire annuelle. "Nos efforts pour maintenir un yuan stable ont apporté une contribution importante à la reprise mondiale", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis, l'Union européenne et plusieurs autres pays critiquent depuis longtemps le régime du yuan. Le différend pourrait tourner au conflit le 15 avril prochain lorsque le Trésor américain publiera son rapport semestriel, dans lequel le gouvernement chinois pourrait être officiellement accusé de manipuler les taux de changes. Sans citer nommément les Etats-Unis, Wen Jiabao a clairement dit que Pékin n'avait pas l'intention de satisfaire aux appels américains, voire se préparait à une confrontation sur le sujet. "Je peux comprendre le désir de certains pays d'accroître leurs exportations, mais ce que je ne comprends pas, c'est déprécier sa propre monnaie et tenter de faire pression sur les autres pour les apprécier dans le but d'augmenter les exportations. De mon point de vue, c'est du protectionnisme", a-t-il dit. Beaucoup d'élus américains dénoncent une sous-évaluation du yuan allant jusqu'à hauteur de 40% de sa valeur selon certains. "Le yuan n'est pas sous-évalué", a rétorqué Wen hier. Pour rappel, l'éditeur en chef du magazine Forbes a récemment indiqué que les Etats-Unis devraient mettre l'accent sur la coopération avec la Chine au lieu de la forcer à réévaluer sa monnaie. M. Forbes a indiqué que modifier artificiellement les prix ne fonctionne pas sur le long terme et que ça cause des problèmes sur le court terme.