Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a appelé lundi tous les pays et entreprises à éviter la guerre commerciale et la guerre des devises, car cela pourrait porter atteinte à la relance économique mondiale. "Nous sommes contents d'apercevoir de bons signes de reprise économique. Néanmoins, certains facteurs nous font comprendre que la reprise ne se fera pas sans à-coups", a expliqué Wen Jiabao lors du Forum du Développement chinois 2010 qui a commencé dimanche, au Grand palais du Peuple à Beijing. Le Premier ministre a mentionné en particulier le taux de chômage, l'instabilité des prix des matières premières et l'inflation. "Tous les pays et les hommes d'affaires responsables doivent éviter de se lancer dans une guerre commerciale ou des devises. Cela ne nous aiderait pas mais ne ferait que mettre des obstacles à la coopération," a souligné Wen Jiabao. Notons que Wen Jiabao s'est engagé à poursuivre la réforme du système financier et à développer le marché des capitaux. "Le système financier de la Chine est fondamentalement sain. Il n'a pas été affecté par la crise financière. Il a, au contraire, aidé l'économie chinoise à lutter contre la dépression économique", a expliqué Wen Jiabao lors du forum de deux jours consacré au développement de la Chine qui a commencé dimanche, au Grand palais du Peuple à Beijing. Il existe encore des problèmes dans la gestion et la surveillance du secteur financier, a indiqué Wen Jiabao, qui a souligné que la Chine était décidée à mettre sur pied un système financier "intégré, sain et durable". Le président de Morgan Stanley Asie, Stephen Roach, a indiqué que la plupart des délégués se sont préoccupés des conflits commerciaux et du protectionnisme. D'autre part, Martin Feldstein, professeur d'économie à Harvard et conseiller économique de Barack Obama a estimé que la Chine aurait plus de latitude pour laisser le yuan s'apprécier si le gouvernement américain choisissait de faire profil bas sur le sujet. "Si le Congrès et le Trésor américains ne parlaient pas de manipulation monétaire chinoise, si les Etats-Unis pouvaient réussir à se taire pendant deux mois, alors je pense que les Chinois pourraient dire que grâce à la grande force de l'économie chinoise (...) il augmentent unilatéralement la valeur du renminbi", a-t-il déclaré lors d'une conférence sur les investissements en Asie organisée à Hong Kong par le Credit Suisse. Les tensions au sujet de la politique monétaire et de change chinoise ont été ravivées par la menace brandie par des parlementaires américains de mettre en place des barrières douanières face la Chine si Pékin ne laisse pas le yuan s'apprécier. "Avec la politisation du problème, il est de plus en plus difficile (pour le gouvernement chinois) de prendre des décisions économiques qui ne soient pas politiques", a dit pour sa part Laura D'Andrea Tyson, l'une des conseillères économiques de Barack Obama, lors de la même conférence.