Le vice-ministre chinois du Commerce, Zhong Shan, se rendra aux Etats-Unis du 24 au 26 mars pour tenter d'apaiser les tensions qui affectent les échanges bilatéraux, avec notamment le cours de yuan au coeur des crispations, annonce le ministère sur son site internet. Le communiqué précise que ses discussions porteront entre autres sur "l'équilibre des échanges et les tensions commerciales". Les tensions entre Washington et Pékin ont été exacerbées cette semaine par la présentation au Sénat américain d'une proposition de loi prévoyant de surtaxer les produits chinois faute d'une réévaluation de la devise nationale. "Les canaux de communication sont ouverts entre les deux parties. Tous les motifs de préoccupation de part et d'autre peuvent être évoqués par ces canaux", s'est félicité He Ning, responsable de la division Amérique du Nord au ministère chinois du Commerce, sans cacher que les pressions du Sénat américain pèseraient sur les discussions. "Cela va rendre toute la situation plus complexe (...) C'est une évolution que nous ne souhaitons pas", a-t-il poursuivi. He Ning, ainsi que d'autres responsables, ont souligné l'importance du marché américain pour les produits chinois et a assuré que Pékin souhaite minimiser les conséquences du différend actuel. "Le fait d'envoyer un représentant à Washington est le signe que la Chine veut résoudre ce problème et ne veut pas que le conflit s'envenime" explique Wang Yong, spécialiste des relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis à l'université de Pékin. Selon ce dernier, pour parvenir à des discussions fructueuses, il est indispensable qu'elles ne soient pas perturbées par les pressions politiques ou des réactions émotives. Mais les pressions sont pourtant bien réelles, de nombreux membres du Congrès réclamant des mesures sévères si la Chine refuse de laisser s'apprécier sa monnaie. Le Trésor américain doit prochainement publier son rapport sur les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, qui déterminera formellement si la Chine est considéré comme un pays qui manipule son taux de change. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a nié dimanche toute sous-évaluation du yuan, soulignant que son gouvernement ne souhaitait pas "politiser" le sujet. L'ambassadeur des Etats-Unis en Chine, Jon Huntsman, a pour sa part estimé jeudi que Pékin voyait arriver des semaines de négociations importantes sur la question et a rappelé que Washington n'était pas seul à réclamer l'appréciation du yuan. Notons que les autorités chinoises vont lever l'interdiction des importations de porcs américains en vigueur depuis près d'un an, annoncent jeudi le département de l'Agriculture et le bureau du représentant américain au Commerce (USTR), après une réunion sur le sujet, cette semaine à Pékin. La Chine, qui s'est classée en 2008 au deuxième rang des importateurs de porcs américains en volume, a pris cette mesure en avril dernier en raison de l'épidémie de grippe A(H1N1).