Le rapport final sur le statut futur du Kosovo est remis hier au Conseil de sécurité de l'ONU, mais il a déjà été critiqué par la Serbie et son allié russe. Le Conseil ne devrait pas toutefois discuter du rapport du médiateur de l'ONU Martti Ahtisaari avant le mois prochain, selon des diplomates de l'ONU. Le Kosovo, officiellement province serbe, est administré par l'ONU depuis 1999, après des bombardements de l'Otan pour faire cesser la répression du régime de Slobodan Milosevic contre la guérilla des séparatistes albanais. Le terme controversé "d'indépendance" ne figurerait qu'en préambule du rapport du médiateur, ont indiqué des diplomates européens sous couvert d'anonymat. Mais le plan dévoilé il y a quelques semaines est déja en butte aux critiques de la Serbie, farouchement opposée à l'indépendance que réclament les Kosovars albanais, et de son allié traditionnel la Russie. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lancé des appels à une poursuite des négociations sur le statut du Kosovo, estimant que si le médiateur de l'ONU Martti Ahtisaari avait "épuisé ses ressources", il suffisait de le remplacer.Les Premier ministre et président serbes Vokislav Kostunica (g) et Boris Tadic le 10 mars 2007 à Vienne. La proposition finale envoyée à l'ONU prévoit que "le Kosovo sera une société multiethnique, se gouvernant de manière démocratique en respectant pleinement, à leur plus haut niveau, l'Etat de droit, les droits de l'Homme et les libertés fondamentales", ont indiqué des diplomates européeens. Ces principes devront être garantis dans une Constitution qui devra être élaborée par l'Assemblée kosovare pendant la période de transition de 120 jours suivant l'entrée en application du nouveau statut de la province actuellement administrée par l'ONU. La Constitution permettra en particulier au Kosovo de négocier et conclure des accords internationaux et d'adhérer à des organisations internationales. L'Union européenne par exemple n'a pas exclu une future adhésion du Kosovo. Une Assemblée kosovare devra être élue dans les 9 mois suivant l'entrée en vigueur du nouveau statut, ont précisé des diplomates. Ces propositions ont été rendues publiques après l'échec au début du mois de plus d'un an de négociations entre Serbes et Kosovars albanais, dans cette partie des Balkans frappée il y a moins de dix ans par des violences inter-ethniques meurtrières. Belgrade et les Serbes du Kosovo rejettent toute indépendance de la province et réclament une poursuite des négociations alors que les Albanais, majoritaires à plus de 90%, réclament l'indépendance du territoire. Le ministre des affaires étrangères de Serbie Vuk Draskovic a dénoncé le plan d'Ahtisaari comme représentant "un danger pour la stabilité de la région". Au sein même du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de Russie à l'ONU, Vitaly Tchourkine, a accusé le médiateur, lors de consultations, de se faire l'avocat de l'indépendance du Kosovo. Richard Holbrooke, ancien ambassadeur américain à l'ONU a estimé d'ores et déja que la Russie porterait la responsabilité d'éventuelles violences au Kosovo en cas de report de la décision sur le statut de cette province serbe.