Serbes et Kosovars se retrouvent aujourd'hui dans la capitale autrichienne pour une dernière tentative de compromis. La capitale autrichienne, Vienne, accueille aujourd'hui les délégations serbes et kosovars dans une dernière tentative de compromis dans l'épineux dossier du Kosovo. Cette ultime rencontre représente la dernière tentative pour les deux parties de dépasser leurs différends et les obstacles qui ne leur ont pas permis de définir le statut du Kosovo, administré depuis 1999 par les Nations unies. Cette réunion, qui durera huit jours, se tiendra à huis clos, et sera, comme les précédentes, placée sous la médiation de la troïka composée de représentants des Etats-Unis (Frank Wisner), de la Russie (Alexandre Botsan-Khartchenko) et de l'Union européenne (UE, Wolfgang Ischinger). A l'issue de la rencontre, un rapport sera transmis au Conseil de sécurité d'ici au 10 décembre. Le médiateur de l'UE, l'Allemand Wolfgang Ischinger, avait récemment émis l'espoir que la rencontre de Vienne permette d'arriver à un accord, indiquant: «Un accord sur le statut serait idéal, mais hélas, nous ne devrions pas l'atteindre d'ici le 10 décembre.» En effet, il est évident que les médiateurs sont loin de cet «idéal» tant les positions exprimées par Belgrade et Pristina restent éloignées les unes des autres. Alors que le gouvernement serbe est prêt à accorder «une large autonomie» au Kosovo dans le cadre de la «souveraineté serbe», les Kosovars ne revendiquent pas moins que l'indépendance qu'ils affirment être prêts à proclamer dès le 10 décembre si, d'ici là, aucun progrès n'est réalisé dans leurs pourparlers avec les Serbes. Le 10 décembre est la date butoir limite fixée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon qui accorda le 1er août 120 jours aux deux parties, aidées par la troïka, pour trouver un compromis sur le statut du Kosovo. Ce délai approche de sa fin sans que les deux belligérants soient parvenus au minimum de compromis permettant un accord final. Le document sur lequel travaillent Serbes et Kosovars est celui du rapport du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, l'ancien président finlandais, Martti Ahtisaari, qui préconise comme solution, une «indépendance sous supervision internationale» -pour la province serbe habitée à 90% par une population d'origine albanaise-, après avoir échoué à trouver un consensus entre les Serbes et les Kosovars. Belgrade a rejeté à l'époque dans le fond et dans le détail l'alternative Ahtisaari, au contraire de Pristina qui salua le plan du représentant de l'ONU. Le document Ahtisaari divisa également les membres de l'ONU, Américains et Européens approuvant et appuyant l'initiative du diplomate finlandais alors que Moscou, allié de Belgrade, a rejeté au Conseil de sécurité le plan du représentant de l'ONU. Durant l'été, les négociations n'ont pu progresser et d'aucuns avaient même avancé une possible partition du Kosovo, en dernier «ressort», ce que l'Allemand Wolfgang Ischinger avait alors infirmé indiquant que «la partition ne figurait pas à l'ordre du jour et n'a été évoquée par aucune des deux parties aujourd'hui», d'autant, ajoute-t-il, que «les principes du groupe de Contact rejettent l'option de la partition». A Vienne, les Serbes menés par le Premier ministre (nationaliste) Vojislav Kostunica et les Kosovars dirigés par le futur Premier minitre, Hashim Thaci, tenteront lors de ce dernier round de conclure ce qu'ils n'ont pu concrétiser durant l'été. En vérité, cela apparaît peu probable au regard du fossé qui sépare les deux parties. De fait, les Kosovars restent attachés au plan onusien «d'indépendance surveillée» A ce propos, le Premier ministre kosovar sortant, Agim Ceku, a exclu récemment toute remise en cause du plan Ahtisaari: «Aidez-nous à appliquer (le plan) Ahtisaari. Aidez-nous à construire une relation de travail avec notre voisin» serbe sur «un plan d'égalité», a-t-il déclaré aux médiateurs de la troïka. M.Ceku a encore dit que «Pristina veut tenir compte des préoccupations serbes, et veut garantir les droits futurs de la minorité serbe». Pour sa part, l'ancien dirigeant de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) Hashim Thaci, qui a gagné les élections législatives du 17 novembre, supervisées par l'ONU, s'est dit «persuadé que le Kosovo serait indépendant très peu de temps après le 10 décembre», sans autre précision dans une interview samedi au quotidien autrichien Kurier, tentant dans le même temps de rassurer Belgrade en affirmant qu'il mènerait une politique «au bénéfice de tous les Kosovars, pas seulement des Albanais» englobant les 100.000 Serbes vivant dans le nord du Kosovo. Les Serbes de leur côté, n'en démordent pas et restent sur leur position, réitérant leurs déclarations antérieures, affirmant néanmoins qu'ils sont prêts à «aller très loin». Un «très loin» qui ne va pas en fait au-delà de «l'autonomie» fût-elle aménagée, comme le déclare le chef de la diplomatie serbe Vuk Jeremic, qui a affirmé récemment: «Nous sommes prêts à aller très loin, nous sommes prêts à faire preuve de beaucoup de flexibilité en ce qui concerne la définition de l'autonomie» du Kosovo. Le ministre des Affaires étrangères serbe nuance toutefois ce propos en indiquant que ces «concessions» se feront cependant sous «condition»: «Nous sommes prêts à être flexibles mais il y a une ligne rouge que nous ne pouvons pas franchir et qui est liée à l'intégrité territoriale du pays», a-t-il précisé la semaine dernière lors d'une escale à Moscou. A Vienne, Kosovars et Serbes joueront une partie difficile lors de laquelle ils abattront leurs dernières cartes. Mais en l'espèce, peut-il y avoir de vainqueurs et de perdants dans un bras de fer qui met en équation l'avenir de toute une région, les Balkans, dont l'équilibre géopolitique reste très fragile?