La polémique autour de la gestion des réserves de change ressuscitée par le plaidoyer du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Hamid Temmar, pour un rapatriement de ces réserves, continue de susciter des réactions. Ainsi, après le ministre des Finances, c'est le gouverneur de la Banque d'Algérie qui a tenu à répondre à Temmar afin de clore définitivement le dossier, affirmant que la contrepartie de ces réserves se trouve déjà dans l'économie nationale. Pour cela, Mohamed Laksaci a choisi de s'exprimer à l'occasion d'une réunion avec les P-DG des banques nationales et étrangères en activité en Algérie, consacrée aux tendances monétaires et financières au second semestre 2009. Il expliquera avec moult détails techniques le processus de gestion de ces réserves estimées, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, à 143 milliards de dollars en DTS et à 147,2 milliards de dollars hors DTS, lesquels représentent 36 mois d'importations de biens et services. M. Laksaci, a encore une fois, mis en avant l'argument selon lequel la constitution de ce matelas de devises a constitué un rempart aux effets de la crise économique et financière mondiale, indiquant que si les banques centrales de par le monde détiennent les avoirs extérieurs et accumulent donc les réserves de changes principalement pour des raisons de politique de change et de prévention de crise, ''l'accumulation des réserves officielles de change par la Banque d'Algérie entre 2004 et 2008 a constitué un important élément de sauvegarde contre les chocs externes (baisses des recettes d'exportation et/ou sorties soudaines de capitaux résultant de la grave crise financière internationale en cours". Le gouverneur de la Banque centrale a rappelé que l'Algérie ''a fait un bon usage de ses réserves de change en consacrant une partie au remboursement par anticipation de la dette extérieure, entre 2004 et 2006, et ce, à la veille de la crise financière internationale''. En outre, il a noté qu'''une position financière extérieure confortable demeure requise pour s'assurer de la bonne réalisation du programme d'investissements publics, tout en préservant la stabilité financière externe''. De tels acquis, en période de grave crise économique mondiale, ''doivent être consolidés au profit d'une croissance économique endogène et proche de son potentiel, en préservant davantage la stabilité macroéconomique'', a-t-il préconisé. Dans le cadre d'une allocation efficiente des ressources, portée par une intermédiation bancaire solide, ''l'adéquation avoirs extérieurs-crédits intérieurs est conduite par la Banque d'Algérie d'une manière prudente dans l'objectif de stabilité monétaire et financière'', a-t-il fait savoir. Celui-ci ira plus en détail dans son exposé explicatif indiquant que les devises achetées, nettes de ventes des devises effectuées sur le marché interbancaire des changes au profit des agents économiques résidents pour répondre à leurs obligations de transfert vers l'étranger, alimentent les réserves officielles de change détenues par la Banque d'Algérie. Aussi, la monnaie est créée à l'occasion de la monétisation des actifs non monétaires qui sont les créances sur l'Etat et les créances sur l'économie (reconnaissance de dettes en contrepartie de distribution de crédits) ainsi que les avoirs extérieurs (acquisition de devises étrangères). En vertu de cette définition et compte tenu de la réglementation des changes en vigueur en Algérie, ''les devises rapatriées par les agents économiques au titre des exportations de biens et services sont cédées à la Banque d'Algérie (à hauteur de 100% pour les exportations des hydrocarbures, et à 50% pour les exportations hors hydrocarbures et à 50 % pour les exportations de services) contre la monnaie de la banque centrale'', a-t-il détaillé. M. Laksaci précise, par ailleurs, que les réserves officielles de changes détenues par la Banque d'Algérie, qui sont les créances sur les pays émetteurs des devises, ''constituent la garantie de toute la masse monétaire (en dinars) dans l'économie nationale, c'est-à-dire en possession des agents économiques (Etat, entreprises et ménages). Si la loi définit clairement les devises étrangères comme élément de couverture de la monnaie nationale, ''la contrepartie de ces réserves de change se retrouve dans l'économie nationale au niveau du Fonds de régulation des recettes pour un équivalent de 59 milliards de dollars, des dépôts de Sonatrach auprès de la Banque extérieure d'Algérie pour un équivalent de 10,6 milliards de dollars, des dépôts des autres agents économiques auprès des banques pour l'équivalent de 73,6 milliards de dollars ainsi que des dépôts en devises des particuliers équivalent à 4,3 milliards de dollars". Dépréciation de 2 % du dinar en 2009 Notons que la composition des réserves de change par devises d'origine, exprimée en équivalent dollars, est constituée à hauteur de 46% en dollars et à 42 % en euros, le reste étant constitué d'autres monnaies étrangères. Pour ce qui est de la structure des réserves, il est utile de rappeler que 70% sont placés en bons de trésors aux Etats-Unis, au Japon et en Grande- Bretagne et dans d'autres pays européens. Les placements des réserves de change ont produit ''des revenus appréciables dans un environnement de très faibles rendements sur les marchés internationaux, tout en préservant le capital réserves officielles de change'', a noté le gouverneur de la Banque d'Algérie. Précisons, enfin, que concernant le volet relatif à la politique des changes, M. Laksaci a plaidé pour un flottement dirigé de la monnaie. Il dira, dans ce sens, que le taux de change effectif réel du dinar, à fin 2009, est resté proche de l'équilibre, avec une dépréciation moyenne d'environ 2%, contre une appréciation de 1,6% en moyenne en 2008, sachant que l'année 2009 a été marquée par l'élargissement du différentiel d'inflation à hauteur de 5,3%.