A l'initiative de la France et de l'Allemagne, les pays de la zone euro se sont mis d'accord jeudi sur un mécanisme européen d'aide à la Grèce reposant sur des prêts bilatéraux émis par les pays utilisant la monnaie unique et par le Fonds monétaire international. Ce "cadre européen", qui n'a pu aboutir qu'après de longues négociations et à l'issue d'un ultime tête-à-tête de près de deux heures entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, a été jugé "pleinement acceptable" par le Premier ministre grec, George Papandréou. Le texte d'une page et demie sur lequel se sont mis d'accord les dirigeants des 16 pays partageant la monnaie unique ne comprend aucun chiffre mais, de sources européennes, on indique que l'enveloppe totale serait de 20 à 22 milliards d'euros, dont au moins un tiers à la charge du FMI, selon Nicolas Sarkozy. A la demande expresse de l'Allemagne, le dispositif ne pourra être déclenché qu'après un vote unanime de l'Eurogroupe, ce qui permettra à Berlin de disposer d'un véto, et sous des conditions strictes uniquement. Selon ce mécanisme, les pays de la zone euro se répartiront les prêts au prorata de leur part au capital de la Banque centrale européenne (BCE) et les taux d'intérêts seront "non-concessionnels", c'est à dire sans aucune subvention. Les dirigeants de la zone euro ont insisté tour à tour jeudi soir sur le fait que cet accord était de nature préventive mais qu'il était suffisamment précis pour être opérationnel et activé rapidement en cas de besoin. "Je suis confiant dans le fait que le mécanisme décidé aujourd'hui n'aura normalement pas à être activé et que la Grèce va progressivement regagner la confiance des marchés", a déclaré le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. Quelques heures après avoir critiqué dans une interview télévisée un mécanisme mixte impliquant la zone euro et le FMI (voir ), il s'est dit satisfait de cet accord qui "préserve la responsabilité des gouvernements de la zone euro". Jean-Claude Trichet s'exprimait dans un entretien réalisé jeudi matin par les télévisions Public Sénat et LCP, soit avant l'annonce par l'Elysée d'un accord franco-allemand sur la Grèce prévoyant une intervention du FMI qui devait être débattu lors du Conseil européen de Bruxelles. "Si le FMI ou quelqu'autre instance que ce soit exerce à la place de l'Eurogroupe, à la place des gouvernements, leur responsabilité, c'est évidemment très très mauvais", déclare-t-il dans cet entretien. "La Banque centrale européenne a une position qui est extrêmement simple. Nous voulons que les pays membres de la zone euro exercent, pleinement, totalement, fidèlement au traité, à son esprit et à sa lettre, leurs responsabilités", ajoute-t-il. Jean-Claude Trichet souligne que les problèmes actuels de la Grèce s'expliquent justement par "une absence de responsabilité suffisante". Ces critiques avaient envoyé l'euro à un plus bas depuis mai 2009, sous 1,3280 dollar, après avoir enregistré des gains sur le dollar en cours de journée. La prime de risque demandée par les investisseurs pour détenir de la dette grecque à dix ans plutôt que des Bunds allemands est restée autour de 320 points de base.