Le choc économique qui secoue l'Europe n'est pas près de passer. A chaque jour son lot de nouvelles mesures pour faire face à cette crise. On parle donc aujourd'hui de plus en plus de rigueur, d'austérité, de retour rapide aux critères de Maastricht et de chasse aux déficits publics. Même si, globalement, les Bourses mondiales ont résisté à l'angoisse de la semaine dernière, terminant sur un équilibre, les inquiétudes par rapport aux déficits budgétaires en zone euro persistent. La monnaie unique, qui a été beaucoup chahutée ces dernières semaines, est la victime principale des inquiétudes sur les finances publiques européennes, au point d'alimenter les spéculations sur une éventuelle intervention de la Banque centrale européenne (BCE) sur les marchés des changes pour soutenir l'euro. C'est cette situation qui explique l'intensification des discussions autour de mesures à même de renforcer la disciple budgétaire. Le 20 mai dernier, à Bruxelles, les ministres des Finances de l'UE se sont mis d'accord dans ce cadre pour l'application des sanctions contre les mauvais élèves qui ne respecteraient pas les règles européennes. «Il est apparu très clairement qu'il existait un large consensus sur des sanctions financières et non financières» en cas de non-respect des règles budgétaires européennes, a déclaré le président de l'UE, Herman Van Rompuy, repris par les agences à l'issue d'une première réunion d'un groupe de travail chargé d'explorer les moyens de renforcer le pacte de stabilité, censé limiter les déficits. Ce groupe de travail compte rendre ses conclusions en octobre. Avant cette réunion, Berlin avait semé le trouble sur les marchés en annonçant, le 19 mai dernier, une interdiction surprise et unilatérale de certaines ventes à découvert, notamment sur les emprunts d'Etat de la zone euro, pour lutter contre la spéculation. Cette décision avait provoqué une véritable cacophonie, plusieurs dirigeants européens reprochant à l'Allemagne d'avoir agi sans concertation. En outre, Angela Merkel, dont le pays doit contribuer à hauteur de 148 milliards d'euros à un mécanisme de prêts et de garanties pour les pays les plus endettés de la zone euro, avait estimé, le 20 mai, que l'euro, en chute libre depuis plusieurs semaines, était «en danger», ce que plusieurs parties ont essayé de démentir. Des responsables français se sont empressés de le faire. Ainsi, le ministre du Budget, François Baroin, a assuré, vendredi dernier, que «l'euro n'était pas en danger parce qu'il y a cette détermination très forte de la part des pays de la zone euro» à le défendre. Face à cette situation, le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, s'est également voulu rassurant. «Je ne crois pas que la zone euro soit en risque d'exploser. En revanche, je pense que le risque, c'est qu'elle tourne mal, qu'elle fonctionne mal», en raison des problèmes de croissance, a-t-il souligné. Les assurances émanent également de la BCE. La devise européenne est une «monnaie crédible», affirme le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui met plutôt en cause la politique fiscale de certains pays et la spéculation : «Les mouvements sur les marchés sont toujours une combinaison de l'humeur des investisseurs et de l'influence de spéculateurs, comme les hedge.» Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a abondé dans ce sens. «L'euro est une construction formidable, il va perdurer, et encore plus de pays vont adopter la monnaie unique», a-t-il indiqué à l'édition en ligne du magazine allemand Der Spiegel. «Les baisses de cours reposent sur des turbulences de court terme. Elles ne justifient pas de douter de l'existence de l'ensemble de la monnaie», a-t-il ajouté, estimant que «la zone euro est le bloc économique le plus fort du monde, dans lequel la monnaie a œuvré des années durant à la stabilité des prix». Dans cette situation de tourmente, la Grèce, d'où est provenue l'onde de choc, cherche à trouver une issue en misant sur les capitaux étrangers, de la Chine aux pays arabes en passant par la Turquie. Craignant la récession, qui annonçe cette année deux fois plus grave que prévu (-4%), et la hausse du chômage, le taux est passé de 9% en décembre à 12% en février, le Premier ministre grec Georges Papandréou s'est dit déterminé à œuvrer pour renforcer la compétitivité et les investissements, en baisse depuis des années. Il a choisi le Forum économique arabe tenu jeudi dernier à Beyrouth, pour appeler les pays arabes à investir en Grèce, affirmant que son gouvernement prenait «des mesures drastiques pour favoriser l'environnement des affaires et combattre la bureaucratie et la corruption, entraves majeures» au développement économique. S. I.