Un ministre turc a critiqué hier la France et l'Allemagne pour chercher à vendre de coûteux armements à la Grèce tout en poussant Athènes à une cure d'austérité pour sortir de la crise financière. «Une des raisons de la crise économique en Grèce vient de ses tentatives de rivaliser avec la Turquie en termes de dépenses d'armements», a dit le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis, cité dans un article publié dans le International Herald Tribune. Rival régional de la Grèce, la Turquie est prête à des mesures de réciprocité si Athènes gèle ou réduit ses achats d'armes, a-t-il ajouté dans une interview réalisée la semaine dernière à Bruxelles. «Même les pays qui tentent d'aider la Grèce en ces temps difficiles proposent de lui vendre de nouveaux équipements militaires», dit-il. «La Grèce n'a pas besoin de nouveaux chars, missiles, sous-marins ou avions de chasse, pas plus que la Turquie. Il est temps de réduire les dépenses militaires dans le monde, mais spécialement entre la Turquie et la Grèce», a-t-il ajouté. «Ni la Grèce ni la Turquie n'ont besoin de sous-marins français ou allemands», a souligné M.Bagis. Ce dernier n'a pas cité de programme précis d'équipement militaire, mais la Grèce projette depuis longtemps d'acheter notamment quatre sous-marins à l'Allemagne. Pour réduire un déficit public beaucoup plus important que prévu, qui menace sa capacité à se financer sur les marchés, le gouvernement grec a récemment adopté un programme d'austérité, sous la pression de ses partenaires européens qui redoutent une déstabilisation de la zone euro. Les dirigeants de l'UE, Allemagne et France en tête, se sont mis d'accord la semaine dernière sur un mécanisme d'aide à la Grèce, qui prévoit si nécessaire des prêts financés par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI). Selon des chiffres de l'Otan, cités par le journal, les dépenses militaires de la Grèce ont représenté 2,8% de son Produit intérieur brut (PIB) à 6,9 milliards d'euros en 2008 et celles de la Turquie 11,5 milliards d'euros, soit 1,8% de son PIB.