La Russie et l'Agence internationale de l'Énergie atomique (AIEA) vont créer la première réserve commune de combustible nucléaire, destinée à répondre à la demande de pays en développement pour l'utilisation pacifique d'énergie nucléaire, a rapporté vendredi l'AIEA. Il s'agira de la première banque de combustible nucléaire au monde, fournissant de l'uranium faiblement enrichi pour les réacteurs nucléaires civils, a indiqué l'agence. Sergueï Kirijenko, directeur de Rosatom, et le directeur général de l'AIEA Yukiya Amano, doivent signer les accords nécessaires à la création de cette réserve de combustible nucléaire. Il faut dire que les pays en développement s'opposent à ce projet. L'AIEA a expliqué que ce plan pourrait améliorer la supervision de la sécurité nucléaire et empêcher la prolifération de technologies et de matériels nucléaires destinés à un usage militaire. L'agence espère que cette mesure pourra encourager certains pays à abandonner l'enrichissement de leur propre uranium. La banque de combustible soutiendra des pays tels le Vietnam, l'Indonésie, l'Egypte, le Maroc et les Emirats qui ne veulent pas créer toute une filière nucléaire tout en construisant une centrale atomique dont il faudra assurer l'approvisionnement. Pour les autres pays, cette banque offrirait une garantie en cas de rupture des approvisionnements. Il faut dire que l'annonce de la création de cette banque intervient à un moment où le nucléaire vit un retour en grâce. Il y a quelques jours la "Conférence internationale sur l'accès au nucléaire civil", à laquelle participaient une soixantaine de pays a été marquée par un large consensus sur la nécessité de relancer le recours à l'énergie nucléaire à travers le monde pour trois raisons; répondre à la croissance en besoins énergétiques, lutter contre le réchauffement climatique et éviter d'accroitre les inégalités entre pays riches et pays pauvres. La relance du nucléaire concerne non seulement les pays qui ont déjà un programme nucléaire et qui veulent le développer ou le faire redémarrer (Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie, Chine, Inde) mais aussi ceux qui veulent se lancer dans l'énergie nucléaire (Pays du Golfe, Jordanie, Turquie). Ensuite, le paysage international de l'industrie nucléaire s'est profondément modifié. Là où il n'y avait pendant longtemps que quelques acteurs ayant une position dominante (France en tête), il y a aujourd'hui une vive concurrence entre Français, Américains, Russes, Japonais, Coréens (nous en savons quelque chose depuis la perte du marché des Emirats) et, demain, Chinois et Indiens. Enfin, ceci expliquant cela, il y a accord aujourd'hui sur la nécessité de combiner la relance des programmes nucléaires avec des mesures qui en garantiront la pérennité: exigences de sûreté sur le plan international, formation, lutte contre la prolifération des armes nucléaires, financement des programmes par les institutions financières internationales.