La demande en énergie primaire dans la zone Europe et Asie centrale devrait augmenter de 50% d'ici 2030. C'est ce qui ressort du dernier rapport de la Banque mondiale intitulé "Lights Out ? The Energy Outlook in Eastern Europe and the Former Soviet Union". Il est ainsi indiqué que les perspectives d'approvisionnement en énergies primaires, en chaleur et en électricité soulèvent des questions pour les régions d'Europe de l'Est et d'Asie centrale, malgré le rôle de fournisseur majeur de l'Europe de l'Est et de l'Ouest joué aujourd'hui par la Russie et l'Asie centrale. Même si elle dispose de ressources, la région dans son ensemble aura à faire face à une crise de l'énergie, si des investissements supérieurs à 3 000 milliards de dollars ne sont pas réalisés au cours des 20 prochaines années. "La demande en énergie primaire dans la zone Europe et Asie centrale devrait augmenter de 50 % d'ici 2030", explique Peter Thomson, directeur Développement durable pour la zone Europe et Asie centrale à la Banque mondiale, "et la demande en électricité devrait augmenter de 90%". "Avant la crise financière de 2008", poursuit Peter Thomson, "plusieurs pays importateurs avaient commencé à éprouver des difficultés d'approvisionnement. La crise financière a ralenti la demande en énergie, ce qui donne aux pays concernés l'opportunité de prendre leurs dispositions pour atténuer l'impact de la crise énergétique annoncée. Cependant, cette période de répit ne devrait pas durer plus de cinq ou six ans. Des mesures d'atténuation sont nécessaires tant en ce qui concerne l'offre que la demande et sans changement de comportement, la région dans son ensemble pourrait faire face à une crise de l'énergie et passer, d'ici 2030, du statut d'exportateur net à celui d'importateur net". Selon le rapport, si la production d'énergie devait se maintenir à son niveau ou augmenter afin de répondre aux exigences de l'Europe, un investissement important sera nécessaire. Selon les projections, les besoins concernant le développement des énergies primaires, entre 2010 et 2030, devraient être de l'ordre de 1 300 milliards de dollars, afin d'assurer la disponibilité de pétrole, gaz et charbon. De plus, les infrastructures énergétiques de la région ont un besoin urgent de modernisation. Les capacités de production électrique ont à peine progressé depuis le début des années 1990 et les usines deviennent obsolètes. Le montant des investissements nécessaires en matière d'infrastructures énergétiques au cours des 20 à 25 prochaines années est de l'ordre de 1 500 milliards de dollars, 500 milliards de dollars supplémentaires devant être destinés au chauffage urbain. "La détérioration de ces capacités ne s'est pas encore transformée en crise", explique M. Thomson, "cela est dû à la baisse de la demande durant les années 1990 et à sa chute actuelle en raison de la crise financière. Les durées de construction, qui atteignent plusieurs années, imposent de passer dès maintenant à l'action. Ce niveau d'investissement (plus de 3 000 milliards de dollars) ne peut être assuré uniquement par le secteur public. Attirer des investisseurs du secteur privé demandera un changement du climat d'investissement". Investir dans l'efficacité énergétique permet d'atteindre trois objectifs, simultanément et à moindre coût : réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la sécurité énergétique et garantir une croissance économique plus durable. Selon le rapport, chaque dollar investi dans des actions de promotion de l'efficacité énergétique permet d'économiser plus de deux dollars en investissement de production. Cependant, ce potentiel reste en grande partie inexploité du fait de nombreux obstacles sur la voie de l'investissement, tels que des prix de l'énergie inadaptés, l'absence de discipline de paiement, une mauvaise information sur les technologies les plus récentes, un nombre trop faible d'entreprises et de sociétés de services et enfin des contraintes financières. Le défi pour ces pays consistera à obtenir rapidement un approvisionnement supplémentaire en ressources énergétiques au coût le plus bas possible, tout en agissant de manière respectueuse envers l'environnement afin de limiter la croissance des émissions de gaz à effet de serre. Le rapport souligne qu'étant donné l'importance de l'investissement requis et de la durée nécessaire à la mise en place de projets dans le secteur de l'énergie, il est indispensable que les pays se positionnent de manière à pouvoir obtenir des soutiens financiers permettant la réalisation de ces progrès au plus vite. L'échec de la mise en place d'un environnement favorable à l'investissement dans ce secteur se traduirait par une chute de ce dernier qui, à son tour, pèserait sur l'activité économique. Une baisse de 10 % de la disponibilité énergétique entraînerait une réduction de 1% de la croissance économique. Les conséquences d'une baisse plus importante seraient encore plus sévères.