Les cours du pétrole s'installaient hier près de leurs niveaux les plus élevés de l'année, autour de 82 dollars le baril, les analystes jugeant toutefois fragiles les gains de prix engrangés sans raison convaincante la veille. Vers 10H00 GMT (12H00 de Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai perdait 3 cents à 81,14 dollars par rapport à la clôture de lundi sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. A la même heure, le baril de "brut léger texan" (WTI) pour la même échéance était stable, à 82,17 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les cours du brut défendaient hier matin leurs conquêtes de la veille: portés par un optimisme croissant sur l'économie mondiale, une rechute de la monnaie américaine et une "prime de risque" géopolitique après les attentats de Moscou, les prix du brut ont gagné pas moins de 3% lundi. Ils se sont approchés de leurs plus hauts de l'année en frôlant les 83 dollars. Mardi en début d'échanges, le marché a refait une incursion vers ce niveau, poussant jusqu'à 82,74 dollars vers 8H00 GMT. "La tranche de prix où se situe actuellement le pétrole est le résultat de l'optimisme sur la reprise", mais il "se heurte à l'état toujours faible de l'offre et la demande", jugent toutefois les analystes du cabinet viennois JBC. "L'offre de pétrole reste caractérisée par des capacités de production en sommeil, à la fois dans l'extraction de brut et dans le raffinage", abonde Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix, qui met en doute la capacité des cours pétroliers à rester aux niveaux élevés où ils se trouvent. "Quand les prix grimpent subitement, sans qu'on puisse attacher le mouvement à une raison claire, c'est étroitement lié à l'action de fonds d'investissements. Comme on l'a vu au mois de novembre, de telles progressions peuvent être annulées le jour suivant", rappelle-t-il. "Le dollar était en légère baisse ce matin, mais il est revenu à l'équilibre, on voit la même chose se passer avec le brut: il progressait mais il a effacé ses gains", a estimé Tom Bentz, de BNP Paribas. Pétrole et monnaie américaine ont tendance à connaître des évolutions inverses: tout affaiblissement du billet vert rend le brut plus attractif pour les acheteurs munis d'autres devises. Le net repli du dollar depuis la fin de semaine dernière avait provoqué un bond de près de 3% lundi du prix du baril. "Il semble que le marché essaye de sortir de cette fourchette dans laquelle il évolue depuis un moment", entre environ 78 et 83 dollars le baril, a observé Tom Bentz. "Ce qui oriente les cours vers le haut, c'est la reprise économique". Les marchés financiers sont concentrés cette semaine sur les chiffres hebdomadaires du chômage aux Etats-Unis, le premier pays consommateur d'or noir, qui doivent être diffusés vendredi. "Nous approchons de la fin du trimestre et tous les mouvements de ces dernières séances doivent être interprétés avec prudence", ajoute David Hufton, de la maison de courtage PVM. Dans un contexte d'inquiétudes persistantes sur l'état physique du marché, le rapport hebdomadaire du Département américain de l'énergie (DoE) pourrait bien servir de piqûre de rappel au marché pétrolier. Selon les analystes interrogés par Dow Jones Newswires, les stocks de brut auraient progressé de 2,3 millions de barils (mb) la semaine achevée le 26 mars, après leur bond énorme de 7,3 mb millions de barils la semaine précédente. Les analystes s'attendent toutefois à ce que la décrue des stocks de produits pétroliers se poursuive: selon eux, les réserves d'essence auraient perdu 1,4 mb, celles de distillats 1,3 mb.