Au moins 30 personnes ont été tuées et 168 blessées hier dans trois attentats suicide perpétrés à Bagdad, dont deux ont visé les ambassades d'Egypte et d'Iran, a indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur. Les attentats se sont produits à quelques minutes d'intervalle vers 11h20 locales. Les vitres de plusieurs immeubles ont été brisées et une épaisse fumée recouvrait Bagdad après les explosions qui ont eu lieu à un moment de forte circulation dans la capitale irakienne. Des membres des services de sécurité ont immédiatement tiré en l'air alors que des ambulances, sirènes hurlantes, ont été dépêchées sur les lieux. Deux attentats à la voiture piégée, visiblement coordonnés, ont été perpétrés dans le quartier de Mansour (ouest), où se trouvent plusieurs ambassades. L'un a eu lieu non loin de la résidence de l'ambassadeur d'Allemagne, selon un responsable du ministère de l'Intérieur. Quelques minutes plus tard, un attentat a eu lieu devant la représentation diplomatique d'Iran dans le quartier de Salhiyeh, dans le centre de Bagdad. Les explosions surviennent alors que les partis politiques irakiens mènent des tractations pour former le prochain gouvernement, près d'un mois après les élections législatives du 7 mars. Celles-ci ont été remportées par l'ancien premier ministre laïc Iyad Allawi, mais les résultats ont été contestés par le chef du gouvernement sortant Nouri al-Maliki. Les services de sécurité ont prévenu qu'une période prolongée de tractations donnerait aux insurgés l'occasion de commettre de nouvelles violences susceptibles de déstabiliser le pays. Les violences ont nettement baissé en Irak depuis deux ans, mais les attentats demeurent fréquents, notamment à Bagdad et dans la ville de Mossoul dans le nord du pays. Le nombre de victimes a augmenté en mars avec 367 personnes tuées dans les violences, un chiffre en hausse par rapport au mois précédent, selon des statistiques officielles communiques jeudi. Le 27 mars, 52 personnes ont été tuées et 73 blessées dans un double attentat à la bombe perpétré près de Baqouba, au nord de Bagdad. Les attentats ont eu lieu moins d'une heure avant l'annonce des résultats des élections législatives du 7 mars. Samedi, des insurgés, vraisemblablement membres d'Al-Qaida, ont ué 25 personnes dans un village irakien en se faisant passer pour des soldats américains afin de tromper leurs victimes. Les autorités irakiennes avaient mis en garde contre un risque d'aggravation des violences due à la montée de la tension, en rapport avec les élections législatives du 7 mars, dont aucun vainqueur clair n'est sorti. Le bloc laïque Irakia d'Allaoui, un chiite qui a attiré l'électorat sunnite, est arrivé en tête des élections du 7 mars, de peu devant l'alliance à dominante chiite du Premier ministre sortant Nouri al Maliki. Le bloc d'Allaoui a remporté 91 sièges et celui de Maliki 89 dans un parlement où le seuil de la majorité se situe à 163 sièges. Adversaire d'Allaoui, Maliki, qui veut se maintenir au pouvoir, négocie la formation d'une coalition majoritaire avec l'Alliance nationale irakienne, un front de mouvements chiites, arrivé en troisième position. Dans une interview à Reuters, Samaraï souligne que "la réalité dicte la poursuite d'un gouvernement d'unité nationale" reflétant la volonté des électeurs qui ont voté, mais il prédit que sa formation pourrait prendre plus de deux mois. "Je suis optimiste en disant que former le gouvernement prendra deux mois. Cela pourrait prendre plus de temps. Mais il y aura le chaos si on a un vide de pouvoir", explique Samaraï. Il prédit aussi que les alliances de circonstance formées à l'occasion des élections éclateront lorsque le gouvernement sera formé car "elles ne sont pas des structures intégrées". Samaraï est un sunnite dont le propre mouvement, le Front de la concorde, n'a remporté que six sièges, alors qu'il en avait 44 dans le parlement sortant. Il a imputé ses pertes au succès d'Allaoui auprès de l'électoral sunnite.