Le président déchu du Kirghizistan, Kourmanbek Bakiev, a exclu de démissionner et refuse de reconnaître la légitimité du nouveau pouvoir en place à Bichkek, qui envisage son arrestation. Dans une interview accordée à l'agence Reuters hier, dans un lieu tenu secret du sud de la république d'Asie centrale dont il est originaire, Bakiev a prévenu que toute tentative de violence à son égard plongerait le pays dans un bain de sang. Kourmanbek Bakiev a fui Bichkek, la capitale, après le renversement de son gouvernement. Reuters l'a rencontré sous une tente dans sa région natale de Jalalabad. "Je voudrais avertir ceux qui m'ont aujourd'hui pris en chasse: qu'ils n'engagent pas des tueurs, parce que cela ne ferait que provoquer une grande tragédie dans ce pays", a-t-il déclaré. "Nous plongerons (le Kirghizistan) dans le sang s'ils optent pour l'élimination physique. S'ils utilisent la force, ces gens qui m'entourent ne laisseront pas faire et cela signifiera un bain de sang." Le président déchu s'est dit prêt à parler au gouvernement de transition "même si c'est un gouvernement illégitime". Mais le pouvoir en place à Bichkek a semblé écarter cette perspective.Rosa Otounbaïeva, chef du gouvernement provisoire au Kirghizistan, a souligné dimanche qu'elle était soumise à une pression croissante de l'opinion publique afin que le président déchu du petit pays d'Asie centrale, Kourmanbek Bakiev, soit traduit en justice.Ces propos reflètent un durcissement de la position des nouvelles autorités, qui s'impatientent face au refus du chef d'Etat de démissionner. Mme Otounbaïeva et d'autres ont offert des garanties de sécurité à M. Bakiev s'il quitte la présidence de son plein gré.Un émissaire de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avait affirmé samedi que le gouvernement provisoire avait ouvert des négociations dès vendredi soir avec le chef de l'Etat déchu. Roza Otounbaïeva a déclaré qu'aucune discussion n'était en cours avec Bakiev, dont elle attend qu'il se rende volontairement aux nouvelles autorités. "Bakiev doit comprendre qu'il est piégé dans une impasse", a-t-elle déclaré. "Quand il sera arrêté, (...) il sera possible de mener une enquête et de l'interroger dans le cadre légal." Les procureurs favorables aux nouvelles autorités ont engagé des poursuites pénales contre deux frères de Bakiev et son fils. "En ce qui concerne (Bakiev)", a ajouté Roza Otounbaïeva, "la gamme de nos possibilités devient de plus en plus étroite." Samedi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton s'est entretenue par téléphone avec Mme Otounbaïeva afin de proposer de l'aide humanitaire et de discuter du besoin de stabilité dans la région, selon le Département d'Etat. Mme Clinton a également évoqué le rôle important de la base aérienne américaine au Kirghizistan, un point de transit clef pour le soutien aux opérations militaires internationales en Afghanistan.La chef du gouvernement provisoire a réaffirmé que son pays respecterait les précédents accords visant à aider les Etats-Unis à rechercher la stabilité en Afghanistan. Mme Clinton doit envoyer le secrétaire adjoint Robert Blake au Kirghizistan pour donner suite aux discussions.