Des affrontements ont éclaté, hier, au Kirghizstan entre opposants et partisans du gouvernement intérimaire dans les deux principales villes du sud du pays, où des tirs nourris ont été entendus. Au moins vingt personnes ont été blessées par balles et par des jets de pierres à Djalal-Abad, bastion du président déchu Kourmanbek Bakiev, selon une source hospitalière. Des tirs ont retenti des deux côtés et des pierres ont été jetées. Quelque 5 000 personnes ont participé à ces affrontements. A Och, autre grande ville du Sud, une bagarre a éclaté entre 400 partisans du gouvernement intérimaires et ceux de Bakiev. 'Ils jettent des bâtons et des pierres', rapporte Aki press. Le gouvernement intérimaire a toutefois repris le contrôle de l'administration régionale à Och occupée jeudi par les partisans de l'ex-président Bakiev, selon les médias locaux. Le gouvernement intérimaire, avec à sa tête l'ex-ministre des affaires étrangère Rosa Otounbaïeva, a été mis en place après le soulèvement populaire du 8 avril qui a fait 86 morts et qui a forcé à l'exil en Biélorussie le président Bakiev. Ce dernier a été inculpé le 27 avril pour meurtres et le gouvernement intérimaire réclame son extradition. Au moins une personne a été tuée et plus de 60 autres ont été blessées dans ces violences, les plus graves depuis le renversement du régime en avril, selon les autorités. A Jalal-Abad, centre administratif d'une province du sud-ouest, des manifestants des deux camps ont échangé des coups de feu, jeté des pierres et se sont affrontés à coups de bâtons sur une place devant le bâtiment des autorités régionales. Les incidents ont fait au moins un mort et plus de 60 blessés, dont 32 ont été touchés par balles, a annoncé le ministère de la Santé. D'autres coups de feu ont été signalés dans l'après-midi. Un journaliste de l'Associated Press a vu un homme atteint d'une balle dans l'épaule. Plusieurs centaines de manifestants pro-Bakiev, certains armés de fusils automatiques, s'étaient retranchés dans le bâtiment public au cours de la nuit après s'en être emparés jeudi soir. Des partisans du gouvernement intérimaire les en ont délogés vendredi après plusieurs heures de confrontation tendue. Jalal-Abad est située à environ 70km d'Och, la deuxième ville du pays, où des partisans du gouvernement par intérim ont eux aussi délogé vendredi une foule de manifestants pro-Bakiev qui occupait les bureaux du gouvernement régional. Les incidents marqués par des jets de pierre n'ont pas fait de blessés graves. Le sud du Kirghizistan représente la base du pouvoir du président déchu Kourmanbek Bakiev renversé le 7 avril sur fond de violents affrontements entre forces gouvernementales et contestataires, qui ont fait au moins 85 morts. Le chef d'Etat au pouvoir depuis 2005 a fui vers l'ex-République soviétique du Bélarus. L'éventualité de nouveaux troubles dans le pays d'Asie centrale devrait alarmer Washington et Moscou, qui ont des bases militaires au Kirghizistan. L'ambassade des Etats-Unis à Bichkek, la capitale, a exprimé son inquiétude au sujet des incidents et exhorté les différentes parties à s'abstenir de tout recours à la violence. Quant au Kremlin, il a décidé vendredi d'envoyer un émissaire spécial, l'ex-secrétaire du Conseil de sécurité de l'ONU Vladimir Rouchailo, au Kirghizistan. Si les autorités kirghizes par intérim luttent pour contrôler l'ensemble du pays, le nombre important de leurs partisans lors des affrontements de vendredi indique qu'elles bénéficient d'un soutien populaire considérable.