Le gouvernement provisoire du Kirghizistan a lancé un ultimatum au président déchu Kourmanbek Bakiev, menaçant de l'arrêter, alors que ce dernier continuait de défier les autorités dans son bastion du sud du pays, en s'exprimant devant des milliers de partisans. Azimbek Beknazarov, chargé de la justice, a annoncé que les autorités avaient «levé l'immunité présidentielle de l'ex-président du Kirghizistan Kourmanbek Bakiev», lui demandant de se rendre dans la journée, sans quoi une «opération spéciale» pour l'arrêter sera ordonnée. Le chef de l'Etat évincé a rassemblé 5 000 personnes dans la matinée dans son fief de Djalal-Abad, refusant encore et toujours de démissionner, mettant en avant son bilan, alors que ses détracteurs l'accusent de dérive autoritaire, de corruption et d'avoir accentué la misère dans le pays. «Regardez comment le Kirghizistan est respecté par les Etats-Unis, la Russie, la Chine», a-t-il lancé à ses partisans, réunis pour la deuxième journée consécutive. «Mon pouvoir ne provient pas de moi, mais du peuple. Le gouvernement [provisoire] n'est pas légitime. Je ne reconnais rien de ce qu'il dit», a-t-il ajouté. La manifestation s'est achevée dans le calme en début d'après-midi. Le gouvernement provisoire accuse Bakiev de chercher à fomenter une rébellion depuis son fief pour reprendre le pouvoir, alors que les relations entre le nord et le sud du Kirghizistan sont traditionnellement tendues, faisant craindre à certains une guerre civile. «Les autorités provisoires, pour éviter un conflit et de nouveaux désaccords, n'ont pas empêché la manifestation de Bakiev dans le sud de la République. Or, nous voyons maintenant qu'il cherche à diviser le peuple entre ‘'sudistes'' et ‘'nordistes''», a déclaré Beknazarov. La stabilité du Kirghizistan est un enjeu majeur pour l'Asie centrale, d'autant que les Etats-Unis y disposent d'une base aérienne clé pour déployer leurs troupes en Afghanistan, ce que la Russie voit d'un mauvais œil, cette région étant sa zone d'influence historique. R. I.