La nécessité de renforcer la coordination de l'activité entre les principaux membres du Forum des pays exportateurs de gaz sur le marché mondial n'est plus à démontrer. Elle est d'autant plus nécessaire que l'UE et les Etats-Unis s'opposent comme un bloc atlantique qui met en œuvre une stratégie commune énergétique des pays consommateurs de gaz, dirigée vers la réduction substantielle des prix de cette énergie et la création de la compétition artificielle entre les Etats et les producteurs. La situation d'aujourd'hui sur les marchés du gaz oblige à aller vers la réduction des livraisons de gaz. Cela se rapporte en premier lieu aux fournisseurs du gaz naturel liquéfié (GNL). La progression des producteurs américains dans le domaine de la production du gaz non traditionnels, avant tout schisteux, en liaison avec la récession économique et l'onde extraordinaire des nouvelles livraisons de GNL a amené au bouleversement du marché gazier américain et de facto à fermer le plus grand marché énergétique pour les exportateurs de gaz. En raison de cela, les fournisseurs de GNL, qui intensifiaient les capacités de liquéfaction et d'acheminement du gaz au marché américain, ont souffert pour l'essentiel. En 2009-2010, dans les seuls pays de l'Asie et de l'océan pacifique on indique l'introduction de nouvelles capacités de production du GNL avec un volume de 34 milliards de mètres cubes, et cela accélérera les perturbations sur le marché américain. Quant à l'Europe, après la mise en vigueur des nouvelles usines proche-orientales qatargas-2 et raslaffan-3 avec une capacité totale d'environ 40 milliards de mètres cubes, le marché européen rejoindra le club des marchés sursaturés. Selon les estimations de " wood mackenzy ", à l'horizon 2010-2011 la capacité du marché spot du gaz -qui n'inclut pas les livraisons à long terme ou les contrats " take or pay "- en Europe la demande sera de près de 70 milliards de mètres cubes, mais l'offre dans ce segment a atteint déjà près de 140 milliards de mètres cubes du gaz avec l'offre des gazoducs et du GNL. Selon les données de l'agence internationale de l'énergie, l'excédent de l'offre de GNL sur la demande représente près de 30 % des capacités de production. Et ces volumes de GNL (devenant inutiles aux Américains) se sont trouvés sur les marchés Spot européen et asiatique, à la suite de quoi les prix du gaz SPOT se sont écroulés à 2,5 fois en comparaison des maximums de 2008. Selon le pronostic du journal "Financial Times", les prix Spot peuvent baisser de huit fois encore d'ici l'été 2010. Des cotations boursières du gaz sur le marché Spot si basses stimulent les acheteurs qui vont vers le renforcement de la pression sur les fournisseurs de GNL avec pour but une réduction encore plus grande du prix du gaz. A son tour, une telle politique des pays-consommateurs s'est fait déja sentir négativement non seulement sur les vendeurs de gaz transporté par canalisation, mais aussi les fournisseurs de GNL, qui ont commencé l'année passée à proposer aux acheteurs des concessions impossibles (comme la souplesse des livraisons ou la participation des majors pétrolières occidentales au capital social des projets de GNL). Selon l'exposé analytique préparé par la compagnie "wood mackenzy", l'accroissement anarchique des capacités des "projets de GNL" amènera vers une compétition plus ardue avec le gaz transporté par canalisation et l'aggravation de la compétition des producteurs sur les marchés principaux. Avec le but d'éviter ce scénario la Russie et le Qatar (étant les plus grands producteurs d'hydrocarbures dans le monde) veulent dynamiser la coopération dans la sphère du gaz. Au cours de la rencontre à Moscou le 23 mars courant avec le Premier ministre du Qatar, le Premier ministre de la fédération de Russie Vladimir Poutine a déclaré la nécessité de coordination de la collaboration sur le gaz. En Europe, les experts commencent aussi à comprendre la nécessité de coordination du marché du gaz. Selon l'analyste des études énergétiques de l'Institut d'Oxford Docteur Shtern, "nous avons atteint déjà le stade de la formation du cartel du gaz. Cependant, si la chute des prix se prolonge, nous nous trouverons dans une autre situation vers le milieu de cette année. Les cartels travaillent, quand les producteurs sont traqués ".