Tous les jours que le bon Dieu fait et fera, les interrogations relatives au processus de lutte contre la corruption ne cesseront pas. Elles ne pourront pas cesser car c'est dans la nature de l'homme de chercher constamment à s'enrichir. Y en a-t-il de ceux qui ne voudraient pas s'enrichir ? La différence se trouve non pas dans les aspirations mais dans les valeurs morales. S'enrichir ? Oui mais comment. Qu'est ce qui incite à la corruption et comment et par qui lutter contre ce phénomène ? A chaque fois qu'il faudrait justifier un déficit, une déviation, les officiels et les non officiels s'engagent dans une course à des argumentations qui concernent les textes, parfois l'environnement international, mais parfois occultent les adaptations des hommes et des femmes. On parle souvent des défis à relever mais qui doit s'en charger en tant qu'acteur ? Il ne s'est pratiquement pas passé un seul jour sans que la lutte contre la corruption ne soit pas évoquée comme obligation ou mission à mener par les pouvoirs publics. Si à partir de l'expression de telles intentions la corruption demeure toujours aussi vivace dans les discours, alors qu'il apparaît qu'elle défie les pouvoirs publics, et qu'elle prospère même, il y a bien dans ce cas un obstacle qui assure indirectement ou directement l'impunité à ses auteurs. Où pourrait-il se trouver cet obstacle ? Serait-il normal que des ministres avouent leur impuissance à lutter contre la corruption, comme l'avait fait Soltani, ministre et chef de parti en même temps. Celui-ci avait déclaré d'abord disposer de dossiers en la matière. Lorsque le Président offre le choix de mettre à la disposition de la justice les dossiers possédés par quiconque déclare en détenir, ou alors celui-ci sera poursuivi en justice, Boudjerra Soltani se "dégonfle" mais finit presque par "se défendre" en envoyant le ballon dans le camp présidentiel. Le Président, disait il, doit sanctionner la corruption. Que pourraient penser les simples citoyens qui s'arrêtent à la première lecture ? Faudrait-il alors que la sanction contre la corruption soit "décidée" par le Président et lui seul ? Nombre de personnes pensent que la lutte contre la corruption passe par une véritable démocratie. La démocratie est à elle seule le système qui permet la transparence, le débat public, l'exercice du contre-pouvoir et le recours à une justice "indépendante". Il y a des "élites" qui sont contre la démocratie, non pas par conviction, mais par intérêt politique, à savoir dynamiter la passerelle qui mène vers les alternances quand elles sont au pouvoir ou quand elles savent qu'elles vont sans nul doute y accéder. Un bilan total (comme le disent les médecins) demeure à faire par le diagnostic de la situation politique, un diagnostic sans complaisance, pour savoir quels sont les facteurs qui contribuent à dévier la conduite du processus de démocratisation vers les intolérances et les insécurités ? Comment ces dites élites avaient conduit, peut être inconsciemment, le processus de déviation vers ce qu'on appelle la tragédie nationale. Il en a existé de ceux qui estimaient que le dévoiement politique, ou le dévoiement du processus démocratique est responsable du développement de la corruption, mais le même cheminement est également valable. On a souvent insisté sur le fait qu'une affaire de corruption ne se fait savoir que par des dénonciations. Mais, quelle protection contre les règlements de compte et les revanches ?