Le niveau actuel des cours du pétrole, autour de 85 dollars pour un baril, ne menace pas la reprise économique en cours aux États-Unis, a estimé mercredi le président de la Banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke. "Nous sommes à 85 dollars", et à ce niveau, ça n'est "pas une menace sérieuse pour la reprise", a dit M. Bernanke devant la Commission économique mixte du Congrès. Sans exclure que le prix du pétrole puisse freiner la reprise s'il venait à monter fortement, M. Bernanke a indiqué que les attentes du marché reflétées par les contrats à terme ne laissaient pas présager de hausse violente des cours à six mois ou un an. Il a estimé que l'on était encore très loin des records de juillet 2008, quand le baril avait dépassé les 147 dollars. Notons que les cours du pétrole accentuaient leur baisse vendredi, perdant autour de 2%, pénalisés par un renforcement du billet vert et par des craintes concernant la reprise. Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait 1,68 dollar à 85,91 dollars par rapport à la clôture de jeudi sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. Le Brent reprenait son souffle après un bond jusqu'à 87,58 dollars jeudi, son plus haut niveau depuis le 7 octobre 2008. A la même heure, le baril de "brut léger texan" (WTI) à échéance en mai cédait 2,23 dollars à 83,28 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), chutant même brièvement sous 83 dollars pour la première fois depuis fin mars. Le billet vert a atteint 1,3482 dollar pour un euro vendredi vers 15H15 GMT (17H15 HEC), son niveau le plus fort en quatre jours, freinant l'intérêt pour les matières premières libellées en dollar, comme le brut, pour les investisseurs munis d'autres devises. Le pétrole pourrait même retomber à 84 dollars le baril si le rebond du dollar se poursuit, prévenait Andrey Kryuchenkov, analyste chez VTB Capital. Les cours du brut étaient également pénalisés par des indicateurs américains décevants publiés jeudi. En effet, la production industrielle aux Etats-Unis a progressé moins que prévu en mars et les nouvelles demandes d'allocation chômage ont enregistré une hausse inattendue, "ravivant des craintes sur la reprise économique aux Etats-Unis", notaient les analystes du cabinet JBC Energy. De plus, les nouvelles dispositions prises par les autorités chinoises afin de rendre plus stricts les prêts immobiliers ont été interprétées comme une volonté du géant asiatique de ralentir son économie, au lendemain de chiffres de croissance à deux chiffres, a souligné Phil Flynn, de PFG Best Research. Par ailleurs, les cours du brut étaient également entraînés à la baisse par un regain d'aversion pour les investissements à risque sur les Bourses mondiales, alors que le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, a annoncé vendredi qu'elle poursuivait la banque d'affaires américaine Goldman Sachs pour "fraude" sur la vente de titres d'investissement liés à des crédits hypothécaires à risque, dits "subprime".